La déflation n’est pas la solution

Par Jean Christophe Bataille.

J’ai lu il y a quelques temps un commentaire sur un blog accusant une fois de plus les banques centrales d’avoir injecté de la monnaie dans l’économie sans obtenir le moindre effet positif sur la crise actuelle. Les différents soutiens au système bancaire porteraient atteinte à une doctrine libérale poussée à l’extrème selon laquelle l’action de l’état doit être réduite à sa portion congrue. Le FMI serait l’un des bras armés d’un interventionnisme forcené qui réclamerait une régulation financière inutile et injustifiée.

Il s’agit d’un débat qui commence à dater mais ces affirmations encore renouvelées me laissent perplexe. Imaginons un instant que les banques centrales et les états n’aient pas alimenté en liquidités le système bancaire après la chute de Lehmann Brother …  L’ensemble des banques américaines et européennes aurait fait faillite. Ce qui veut dire que les créanciers chirographaires que nous sommes, hormis ceux qui déposent leur argent à la poste en même temps que leur courrier, auraient perdu tous leurs avoirs.  Nous aurions donc eu le plaisir de voir l’économie s’effondrer dans un grand brasier séculaire ! Une apurement quasi instantané de toutes les dettes ! Mais à quel prix … Comme en 1930, des queues interminables se formeraient devant les banques de dépôts, trouver un job serait impossible et la consommation pourrait se réduire, en cas de crise majeure, à sa plus simple expression dans des villes colonisées par de nouveaux pillards qui n’auraient plus rien à perdre. Le contexte social actuel et l’état des banlieues occidentales s’accommoderait très mal de cette descente aux enfers, avec toutes les conséquences que cela implique dans des sociétés où la violence a parfois du mal à être contenue …  Pour les gens encore debout, obtenir un crédit serait incongru et les détenteurs de cash, vautours de ce charnier monétaire, achèteraient des biens de qualité en triple solde en disant merci à Schumpeter pour l’établissement de cet ordre nouveau.

Les déflationnistes parlent de faillite organisée des banques. J’avoue ne pas comprendre. Quand on fait faillite on disparait, on lèse clients et founisseurs. Sinon on est ni plus ni moins dans la configuration actuelle. A ceux qui souhaitent un vrai « credit crunch », je conseille la lecture ou la relecture des « raisins de la colère » de Steinbeck pour bien comprendre ce qu’a été la période déflationniste des années 30.

Qu’observons-nous aujourd’hui ? Les passants que nous croisons dans la rue ont-ils l’air malheureux ? Non ! Car l’effondrement de l’économie par disparition du système bancaire à fort heureusement été évité. Et je gage que ce système continuera à être soutenu quel qu’en soit le coût pour les monnaies. On parle souvent de la crise japonaise et de la décennie perdu mais le Japon n’a fort heureusement pas subi ce qu’ont vécu les américains dans les années 30. Les mesures prises ont évité l’effondrement total de l’activité japonaise même si la BOJ a fait des choix discutables et à tardé à élargir son bilan. Dans la crise actuelle, l’ampleur de la dette globale maintiendra la croissance à un niveau anémique en occident mais l’économie ne repartira pas de zéro et les émergents finiront un jour par découpler. Les acteurs privés occidentaux épargnent et ont entamé un désendettement qui devrait être facilité par une dépréciation salutaire des monnaies sanctionnant une époque durant laquelle les conditions régulant les échanges commerciaux, les distorsions de change et les parités fixes avec la monnaie chinoise n’ont généré que délocalisations industrielles et endettement insupportable en Europe et aux USA.
 
Je ne dis pas non plus que tout est rose. Les hommes politiques nous ont aussi gratifiés de leur lot de bêtises ou de compromissions. Que faut-il regretter ? A mon sens, que les banques n’aient pas été nationalisées temporairement. Le contribuable serait sorti gagnant du bail out et un système de régulation orientant l’argent injecté plus directement vers l’économie aurait été mis en place. Ensuite les plans de relance à la consommation ne servent à rien et reportent une rechute de l’activité que nous ne manquerons pas de constater à l’échéance de six mois ou un an.

On peut être libéral, mais pas à n’importe quel prix. Je continue de croire que l’état a son rôle à jouer. La communauté des nations doit amener certains émergents en bonne santé à réévaluer rapidement leur monnaie et à rejoindre le système de change flottant. Et si les années à venir promettent d’être difficiles, si le désendettement se réalise très lentement, si les mutations nécessaires sont douloureuses, les états et les banques centrales ont tout de même évité l’apocalypse prôné par certains.

25 réflexions au sujet de « La déflation n’est pas la solution »

  1. JCB

    Regarde un point de vue interessant; le mec n’est pas deflationiste, mais gold bull a mort (depuis debut 2009, un peu tard). Le point important de son commentaire est celui la (c’est pas a l’opose
    de ton billet, mais pas non plus a l’unisson).

    http://garyscommonsense.blogspot.com/2009/11/correction-has-started.html

    Il ne croit pas dans l’action des banques centrales comme etant benefiques

    « Anyone who thinks that credit problems are going to bring down this bull are deluding themselves. Folks the central banks of the world have already proven they can defeat credit implosions with
    their printing presses. I guarantee as we work our way down into this temporary quagmire every central bank in the world is just going to crank up the presses and churn out another trillion or so
    of paper.

    These trillion dollar band aids really don’t cost anything. Well at least that’s what these idiots would like to believe. »

    Les trilliards injectes ne vont pas a l’economie (on le voit dans l’attitude des banques et les encours au credit), mais plutot dans l’energie et la speculation en general.

    « This mini crisis is however going to sow the real seeds of our ultimate collapse. Once the blizzard of paper finally halts this panic, and it will, it’s going to start looking for another home. I
    have no doubt it will eventually find that home in the commodity markets.

    The world is now setting the stage for what should turn out to be a historic run in commodity prices next year. »

    L’effet de tout ca d’apres lui? Pas tres sexy

    « That, my friends, is what is going to bring down this cyclical bull and send the markets eventually spiraling down into the third leg of this secular bear market that began with the bursting of
    the tech bubble in 2000. « 

    Voila sa conclusion

    « Inflation is the contagion that will destory this bull and the global economy, not credit contraction.

    Oh, by the way, inflation can’t be contained with a printing press! »

    Je suis d’accord sur la conclusion (une fois l’inflation echapper, on peut le controler seuelement avec une recession « programme » un peu comme a fait Volcker).

    PS: Je vois que vous avez un peu change d’avis sur l’evolution des bourses; si il y a 2 semaines on pouvait lire « pour les investisseus LT, on conseil la vente car on peut acheter bien moins chere
    plus tard », le dernier billet « trading » sugere que 3400 sur CAC serait bon support et on irait pas plus bas que 3000 max. Tu connais mon scenario prefere, gros trading range style annees 70 avec
    des rallye et de rechutes pendant plusieurs annees (5-7 ans).

  2. Un peu plus claire sur « je suis d’accord avec sa conclusion »: je pense que le risque d’avoir une inflation qui echappe au controle des BC, les consequences seron plus devastatrices pour l’economie
    et le patrimoine des gens. En plus, il faut provoquer une forte recession pour la contenir, en plus de perte de patrimoine.

  3. Je suis tout à fait d’accord avec votre analyse, particulièrement quand vous insistez sur le fait « que l’on peut être libéral, mais pas à n’importe quel prix » et je pense aussi que les états
    auraient pu obtenir bien davantage des banques, dans l’intérêt général. J’approuvais déjà les positions que vous aviez prises à ce sujet il y a plusieurs mois…
    Bonne continuation à toute l’équipe et encore merci pour ce blog.

  4. A Dacian,

    C’est vrai que si je continue de penser que CAC 2400 sera le point bas maximum si les états arrêtaient les politiques non conventionnelles, les discours de certains responsables américains me
    conduisent à penser que la planche à billet ne cessera pas de fonctionner. Dans ce cas, attendre un point très bas est très risqué pour un investisseur en actions car ce point risque de ne jamais
    venir. L’investisseur peut alors se retrouver en cash perdant de la valeur dans une stagflation naissante et dans le contexte de certains actifs boursiers comme les MP et émergents qui grimpent à
    la vitesse grand V et qu’il ne peut plus acheter. Il ne faudra plus compter alors sur une nouvelle baisse en monnaie courante car les monnaies se dévaloriseront. C’est pourquoi je crois essentiel
    de commencer à accumuler des positions suffisamment haut en suivant la tendance baissière à venir.

  5. A dacian et JC.

    D’ailleurs, sur les émergents, à trop regarder court, on a raté de belles choses et il ne faudrait pas que ça se reproduise. Je m’explique. Notre vision du marché action et monétaire reste beaucoup
    trop « OCDE ».
    Je discutais récemment avec une personne qui, à l’analyse de l’évolution des marchés et des monnaies en début d’année, en a déduit, non seulement que la réaction « marchés actions » était excessive
    (comme souvent dans les 2 sens), mais aussi que les monnaies des émergents étaient massacrées suite au rapatriement des capitaux $ et €.

    Il est donc progressivement rentré sur 3 trackers lyxor pour jouer sur les 2 tableaux :

    – China : FR0010204081
    – Brasil : FR0010408799
    – South Africa : FR0010464446,

    en plus (je n’ai pas vérifié), il m’a dit qu’on pouvait les mettre dans du PEA !!!

    Ce n’est évidement plus le moment, mais, lorsqu’il sera temps de revenir sur le marché, il faudra compter avec les émergents et leurs monnaies.
    L’aversion au risque fera à nouveau flamber les TB, le $, l’€ et baisser les taux, les actions, les monnaies « faibles ».

    A quel moment et sur quoi revenir seront LES grandes questions, car vu les débordements de la FED, BOA, BCE…depuis 2 ans, mieux vaudra éviter un jour prochain d’être trop cash.

  6. Merci jef pour ces trackers,
    Ils pourraient être bien utiles un de ces jours. Dommage que leur détention long terme coutent si cher en terme de frais. Certains FCP soumis aux risques de change pourraient aussi se révéler très
    payants pour les volumes de capitaux importants. Jouer sur les devises est devenu réellement indispensable pour les stratégies de placement à mettre en place. Ce devrait être l’objet d’une nouvelle
    étude de Yves lorsque viendra le moment d’investir.

  7. Dacian,

    Je ne t’ai pas répondu sur les possibilités de contrôle de l’inflation.
    Penses-tu que le dollar puissent être l’objet d’une inflation de type zimbawéenne cad supérieure à 15 ou 20 % maxi ? Il me semble que l’importance de la devise, la puissance économique des USA, les
    stabilisateurs financiers possibles grâce à la coopération de toutes institutions monétaires mondiales, l’importance des capacités de production industrielles émergentes devraient éviter une
    inflation trop élevée. A mon avis seul un protectionnisme exacerbé quasi conflictuel serait capable de produire une vraie slumpflation dans les pays occidentaux. Il me semble que personne y a
    intérêt.

  8. JCB

    Regarde un peu cet article et dis moi ce que t’en pense.

    http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601039&sid=a_IZywsbozWg

    « Deflation is no threat at all.

    It doesn’t prevent an economy from functioning, and it doesn’t stop it from recovering either. The evidence suggests a period of sustained deflation might be what indebted economies need to get
    them back on the right track. »

    L’article contient des exemples concrets des periodes deflationistes avec une croissance economique!

    Je rajoute 2 choses:

    – ton article parle plus d’une panique bancaire (qui aurait entraine un rush vers les guiches), mais la deflation ne veut pas dire panique bancaire, peut etre meme le contraire, l’argent s’apprecie
    donc on a l’interet de faire des economies. Le probleme avec notre system c’est qu’il est dope au credit, etc. etc. tu connaies mieux que moi.

    – l’article sugere que la deflation est compatible avec une environment noir, genre « soupes populaires »; c’est pas sur du tout qu’on a ca durant une deflation. D’un autre cote, il n’est pas du tout
    sur que dans un environment fortement inflationiste avec stagnation economique on aura pas des « soupes populaires ». On ne sait tout simplement pas d’avance…

  9. A dacian,
    Cet article est tout de même pas très crédible. Quand il dit que UK a commencé a décliner quand l’inflation est arrivé, c’est faux. UK s’est cassé la figure à cause de l’effondrement du common
    welth et la décolonisation etc … La réalité, c’est que la déflation nait du crédit crunch et pas l’inverse car l’arrêt de l’octroi du crédit met la vélocité monétaire à zéro. En cas de spirale
    déflationniste (qu’il ne faut pas confondre avec la déflation d’actifs que nous venons de vivre), les gens endettés voient la valeur de leur bien devenir très inférieure au capital à rembourser,
    les mensualités de remboursement rester stables et surtout les revenus baisser. Il n’y a pas pire situation pour se désendetter ! Comment résoudre un excès de dette globale avec une situation
    monétaire qui empêche de liquider cette dette ! Je dis que les déflationniste se trompent et le meilleur exemple pour moi est le Japon qui a attendu plus de 10 ans avant d’injecter massivement des
    liquidités et a effectivement payé une partie de ses dettes sans dévaloriser immédiatement sa monnaie. Il a aujourd’hui un déficit budgétaire à 200 % du PIB et la spirale déflationniste que l’on a
    laissé s’y installer est devenu une véritable culture économique impossible a faire disparaitre. Pour moi Bernanke a agi comme il le fallait. Quand la monnaie prend brutalement trop de valeur au
    risque de planter tout les encours de crédit, il faut en injecter un maximum pour limiter la casse. Je ne comprends pas le raisonnement des déflationnistes avec ces histoires de relancer le crédit
    (c’est pour les journalistes tout ça). C’est faux. La relance c’est bidon. Le seul truc qui compte c’est un soutien à la solvabilité, à la liquidité et le maintien des IPC et du prix des actifs.
    Rien d’autre. On se fout de revenir aux prix d’il y a 20 ans. Il faut désendetter en dévalorisant la monnaies : ce sont les rendements qui monteront et pas les prix qui baisseront. D’ailleurs c’est
    ce que font tous les états occidentaux sans le dire. Ils ont choisi la solution la moins douloureuse …

  10. JCB
    Je me méfie juste des gens qui pensent pareil que moi ;-)
    L’endroit où j’ai le plus souri dans cet article est quand même le moment où il parle des Ipod et des prix des équipements technologiques qui baissent… c’est ignorer complètement les cycles de
    vie des produits (http://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_de_vie_%28commerce%29) et Schumpeter a quand même pas dit que des conneries.
    Mon premier camescope je l’ai acheté 13000FF soit env. 2000€ et on trouve beaucoup mieux maintenant pour 200€ soit 10 fois moins et ce n’est pas à cause de la déflation… Bon c’est facile de se
    moquer.
    D’accord sur le fond de ton article et sur le fait qu’il me semble que ce soit les bonnes décisions qui ont été prises mais comme j’ai dit à ma fille récemment (elle fait des études d’éco),
    l’économie, c’est comme l’histoire, elle est écrite et jugée au moins 50 ans après… vue d’avion c’est mieux.
    SamePlayer

  11. Bonjour SamePlayer,

    Ce qui me rassure dans ton pseudo, c’est que la partie n’est pas terminée ;-)
    Mais Schumpeter n’a effectivement pas dit que des conneries, même en shootant une nouvelle bille et en montant encore le score, il faudra un jour remettre une pièce et repartir à zéro. Ama, c’est
    le prix de l’énergie qui conditionnera tout. Sur ce, je dois partir pour trois jours et mon avion est à 11 heures. Je vais observer de là haut, pour mieux comprendre ;-) Bonne fin de week-end.

  12. « Je dis que les déflationniste se trompent et le meilleur exemple pour moi est le Japon qui a attendu plus de 10 ans avant d’injecter massivement des liquidités et a effectivement payé une partie
    de ses dettes sans dévaloriser immédiatement sa monnaie. »

    On peut prendre egalement l’exemple des US an 2003; on constate des prix des actifs risques tres surevalue (j’imagine en bonne partie acheter en faisant appelle au credit), surtout pour les valeurs
    techno; en 2000 cela explose et ca pose un risque deflationiste (les banques ayant finances pas mal de es societes, commencent a encaisser des pertes). En plus, on a les attentats de 11 Septembre
    et cela cause une chute de la conso. A l’epoque, Greenspan innonde lui aussi et « sauve » le systeme. On aurait pu dire a l’epoque que c’est bien, car Greenspan a eviter une spirale deflationiste; et
    c’est vrai, on a gagne 4 ans. Mais si on regarde les consequences de ces decisions, c’est pas terrible. Aujourd’hui Bernanke essaye de gonfler la plupart des actifs risques via « innondation » et
    taux tres bas, de maniere encore plus agressif que Bernanke.

    « Pour moi Bernanke a agi comme il le fallait. Quand la monnaie prend brutalement trop de valeur au risque de planter tout les encours de crédit, il faut en injecter un maximum pour limiter la
    casse. »

    Encore une fois, c’est premature si Bernanke a agi bien (dans le sense ou les consequences on va les voir dans qq annees). Chaque « bull » market construit en partie sur la speculation sans
    fondamenteaux solides va s’effondre un jour ou l’autre.

    « D’ailleurs c’est ce que font tous les états occidentaux sans le dire. Ils ont choisi la solution la moins douloureuse … »

    Ama, je le repete, on ne peut pas dire aujourd’hui si la voi choisi est la « moins douloureuse ». On va voir probablement dans qq annees, mais c’est vrai qu’on pourra pas demontrer non plus que la
    deflation aurait etait mieux, car aucun pays n’a essaye pour voir et comparer au final.

    La question c’est pas la (on est tous d’accord que les pays se sont lance dans la devaluation et on le voi aujourd’hui). Il y a 2 question plus important:

    1. Est-ce que les BC ont la capacite de contrer l’implosion du credit et les deleveraging en cours en se soubstituant en bonne partie? L’argument des deflationistes est que le « bond market » ne va
    pas laisser faire. Moi je suis d’accord avec leur argument, mais je ne le vois pas en pratique; c’est la seul faille que je trouve pour l’instant dans leur raisonement (car le bond market laisse
    faire pour l’instant, et ca peut-etre a cause du fait que le bond market a l’interet a que les rendements ne montent pas en realite, peu importe les politiques US – vue qui detient ces bonds de
    tresor).

    2. Si ca marche (moi je pense que Bernanke est naiv), cela suppose que le controle des BC sur ces politiques se passe presque parfait (genre la devaluation ne va pas creer de panique et les
    consequences seront, comme tu dis, moins grave); comme je disais, on a vu que la FED n’a pas reussi a bien maitriser le « sauvatage » de Greenspan et que finalement les consequences ont etait graves;
    pourquoi cette fois ils vont maitriser parfaitement?

    Je veux te dire merci pour le temps que tu prends pour repondre sur la fil :)

  13. @ JCB et Dacian : Merci pour cet interessant debat.

    Je n’arrive pas a trancher.
    1) Les liquidites imprimes par les etats et les BC font des bulles et incitent a la speculation.
    2) Les entreprises et les menages n’empruntes plus, ce qui deflate
    3) Le sauvetage des « too big too fail » n’empeche pas la chute continue des PME ni les plans de « degraissages ».

    Amha, la seule facon « non-catastrophique » de sortir de la, ce serait de mettre fin au dumping fiscal et social qu’on trouve un peu partout dans le monde. Certes, on verrait alors vraissemblablement
    notre pouvoir d’achat baisser, mais surtout la moitie de la population mondiale qui vie sous les 2$ / j pourrait peut-etre acheter les excedents de production actuels. Bref, de la relance mais dans
    les pays low-cost.
    => J’estime les chances de mise en place d’ici 20 ans

  14. « la déflation n’est pas la solution »
    Etonnant comme analyse, si tu fais référence à Loic, il dit plutôt que c’est une conséquence logique au surrendettement. Et que le moindre mal est d’accompagner cette déflation inévitable en aidant
    les plus faibles et non en innondant les banques de papiers gras dévalorisé par le QE qui tombe dans la trappe à liquidité.
    Pour moi, modeste salarié, la déflation est positive (pour l’instant) je pense investir dans l’immo d’ici 2 ans. Mon pouvoir d’achat augmente malgré mon salaire bloqué, donc l’inflation pour les
    salariés est trés négative: en france les salaires ne sont plus indéxés sur l’IPC grace à mr Delors (1983). En période de forte inflation les salaires suivent toujours trés à retardement les
    >IPC.
    De toute façons ce surrendettement généralisé, ne crée que des bulles spéculatives qui finissent toujours par nous péter à la gueule et nous coute au final plus chère que la faible croissance
    obtenue.
    Merci à votre site excellent JCB et Danniela.

  15. Bonjour JCB,

    Je souscris à ton point de vue.

    Fort heureusement pour nous, je pense qu’il est également partagé par les responsables politiques actuellement aux commandes.
    Même s’ils ont commis beaucoup d’erreurs, ils ne sont pas encore complètement fous à lier.
    Les vrais déflationnistes purs et durs (« liquidationnistes ») demeurent encore un petit groupe, une espèce de secte avec leurs idoles,
    dispensant leurs malédictions et taxant de criminelle toute tentative de gérer le choc macroéconomique sous prétexte qu’elle nous réserve la fin des temps.
    Personnellement, je trouve que certaines de leurs manières de penser frôlent l’obscurantisme.

    Il est clair aussi qu’il aurait été plus « juste » (du point de vue de la société) de nationaliser certaines des banques qui ont été renflouées.
    De nombreux économistes, qu’on ne peut pas soupçonner d’être des « socialistes cachés », l’ont clairement envisagé, en faisant référence à la politique adoptée par la Suède dans le passé.
    Ici en Belgique, l’économiste le plus célèbre (P. De Grauwe de la KUL), longtemps un chaud partisan du libre échange pur et dur et de la privatisation à tout crin, s’est publiquement exprimé pour
    la nationalisation et a opéré un « mea culpa » qui a provoqué un certain bruit.

    Aux états unis, je pense que le choc « culturel » que cela représentait était tel qu’Obama ne l’a pas envisagé un seul instant.
    Je ne pense pas qu’Obama, malgré sa verve oratoire, soit capable (vulgairement ait les c…) d’imposer aux puissants lobbies des banques ni au peuple américain un tel changement de cap.
    De plus, je pense que son objectif politique premier était de faire passer sa réforme des soins de santé.
    Il pouvait certes difficilement mettre cela sur la table, après des nationalisations de Banques, d’AIG, de GM, etc …
    Mais il est possible que ce calcul politique se révèle mauvais.
    Le public américain risque maintenant d’assimiler Obama et les démocrates à des bons « copains » des banquiers et de Wall Street.

    Je suis de pensée économique fondamentalement libérale, mais je pense que certains secteurs qui relèvent de l’intérêt collectif sont par nature de la compétence de l’état, en tant que représentant
    démocratique du peuple.

    Cette crise m’amène à me poser des questions fondamentale sur le dogme en vigueur que la banque de détail (collecte des dépôts, attribution des crédits) est mieux gérée par un système privé.
    Un système privé réglé par la concurrence est censé allouer les capitaux là où ils sont les plus efficaces, car les acteurs privés cherchent à maximiser leurs bénéfices sous la menace en cas
    d’échec de la sanction (faillite).
    Or dans la pratique, on voit bien que cela n’est pas le cas.
    Les acteurs principaux du système ne peuvent pas faire faillite. Il y a garantie implicite/explicite par l’état et intervention si nécessaire, aux frais du contribuable.

    Dès lors, quel sens y a-t-il à confier à des intermédiaires privés la distribution de l’argent, si ces intermédiaires sont rémunérés sans jamais être sanctionnés en cas d’échec complet ?
    Et à en juger par les résultats, peut-on dire qu’un système de banques privées prend des décisions d’investissement meilleures qu’un système public ?

    On a longtemps parlé du désastre de la nationalisation des banques sous François Mitterand (l’affaire du Crédit Lyonnais).
    Mais honnêtement, au vu des pertes engrangées par l’ensemble des banques dans cette crise, font-elles réellement mieux ?

    La réponse me paraît loin d’être évidente, et je pense qu’il y a matière à faire de nombreuses études.
    J’attends de voir des analyses objectives et étayées par des faits.
    Aux même titre d’ailleurs que la privatisation des télécoms, du ferroviaire ou de la production/distribution de l’énergie.
    Quel est le bilan global de ces initiatives: impact sur les prix, l’emploi, la qualité et le renouvellement des infrastructures, etc …
    On commence a disposer du recul nécessaire pour pouvoir établir ce bilan.

    La monnaie est un bien collectif, au même titre que l’eau, l’énergie, les infrastructures de transport, etc …
    La privatisation de sa distribution ne me semble plus aller de soi.

    J’aimerais connaître ton point de vue sur le sujet.

  16. Pour compléter mon commentaire précédent, un petit calcul très rapide:

    L’affaire du Crédit Lyonnais des années ’90 représentait grosso-modo 100 milliards de FF de pertes.
    Aujourd’hui, cela représenterait à peu près 20 milliards d’euros.

    Une rapide recherche sur internet m’apprend que mi-2008 les banques françaises avaient déjà annoncé 16 milliards de dépréciations de leurs actifs.
    Rajoutons-y les 5 milliards de l’affaire Kerviel, et l’on voit que le secteur bancaire français a certainement déjà gaspillé plus en 2008 que l’équivalent de l’affaire du Crédit Lyonnais.

    Et l’addition va encore s’allonger en 2009 …

    A la vue de ces chiffres, on ne peut pas dire qu’il crève les yeux qu’un secteur bancaire privé gaspille moins ou fasse de meilleurs choix d’investissements.
    (au passage, on pourrait même rajouté que l’argent gaspillé n’a rien produit en France, puisqu’il a été investi pour financer des prêts hypotécaires américains …)

    On m’objectera que la crise des subprime est un « événement exceptionnel ».
    Mais je réponds à cela que ce n’est pas une catastrophe tombée du ciel.
    D’abord, les banques avaient le choix de ne pas investir dans ces produits, mais le système de concurrence combiné à la recherche de profits à très court terme les y a irrésistiblement conduit.
    Et donc, de par leur ruée sur les mêmes produits, elles ont été un des acteurs principaux de la formation de cette bulle de crédit.

    Evidemment, jusqu’en 2006, le système bancaire privé apparaissait incomparablement supérieur, mais depuis lors les inconvénients du système sont apparus en plein jour :-)

    Enfin, cela serait certainement un sujet de doctorat intéressant – reste à voir si des profs d’économie voudraient risquer leur réputation à le sponsoriser !

  17. Bonsoir Michel et merci pour tes encouragements

    « la déflation n’est pas la solution »
    Etonnant comme analyse, si tu fais référence à Loic, il dit plutôt que c’est une conséquence logique au surrendettement. Et que le moindre mal est d’accompagner cette déflation inévitable en aidant
    les plus faibles et non en innondant les banques de papiers gras dévalorisé par le QE qui tombe dans la trappe à liquidité.

    En fait, nous sommes d’accord, la déflation vient de l’endettement pas l’inverse. En revanche. Loic n’accompagne pas la déflation, il est partisan de ne rien faire en imaginant que c’est la
    solution. Car accompagner la déflation, c’est ce qui est fait actuellement. Soit on laisse s’installer un crédit crunch avec l’effet dépressif considérable que cela implique, soit on reflate en
    injectant de la monnaie pour amortir les effets de la crise. Je suis complétement en désaccord avec les accusation de fuites en avant. Les acteurs économiques se désendettent malgré la reflation
    qui a été organisé. Les demandes de crédit baissent d’elles meme du fait de l’endettement (il suffit de regarder le taux d’épargne des américains qui est désormais autour de 7 % et les encours de
    crédit qui sont à la baisse). La création de monnaie ne fait que maintenir la liquidité, elle ne relance pas la folie du crédit. Je note d’ailleurs
    que les banques ne font plus les memes conneries et sont très attentives à la solvabilité des emprunteurs. Essaie d’en obtenir un et tu verras … Tu me diras qu’il était temps !

    Pour moi, modeste salarié, la déflation est positive (pour l’instant) je pense investir dans l’immo d’ici 2 ans. Mon pouvoir d’achat augmente malgré mon salaire bloqué, donc l’inflation pour
    les salariés est trés négative: en france les salaires ne sont plus indéxés sur l’IPC grace à mr Delors (1983).

    Quel est le problème : le monde occidental est endetté. Tu n’es pas endetté donc tu n’es pas un problème pour le monde occidental. Le problème c’est la dette et je le répète : en cas de spirale déflationniste (qu’il ne faut pas confondre avec la déflation d’actifs que nous venons de vivre), les gens endettés voient la valeur de leur bien
    devenir très inférieure au capital à rembourser, les mensualités de remboursement rester stables et surtout leurs revenus baisser. Il n’y a pas pire situation pour se désendetter ! Comment résoudre
    un excès de dette globale avec une situation monétaire qui empêche de liquider cette dette !
    En deux mots si tes revenus baissaient tu ne profiterait pas non plus de la baisse des prix alors que tu n’es pas endetté.

    En période de forte inflation les salaires suivent toujours trés à retardement les >IPC.
    On est d’accord car il ne s’agit pas d’une inflation par la demande !

    De toute façons ce surrendettement généralisé, ne crée que des bulles spéculatives qui finissent toujours par nous péter à la gueule et nous coute au final plus chère que la faible croissance
    obtenue.

    En période de désendettement, la tendance n’est pas aux bulles. Le marché actions est en situation de rally pas de bulle. La seule bulle qui pourrait se former est celle de l’or mais nous n’y
    sommes pas. Il s’agit d’un simple rattrapage vs la valeur des monnaies.

  18. Merci Dacian d’apporter tes idées pour faire avancer ce débat que je trouve fondamental pour les stratégies d’épargne.

    1. Est-ce que les BC ont la capacite de contrer l’implosion du credit et les deleveraging en cours en se substituant en bonne partie? L’argument des deflationistes est que le « bond market » ne
    va pas laisser faire. Moi je suis d’accord avec leur argument, mais je ne le vois pas en pratique; c’est la seul faille que je trouve pour l’instant dans leur raisonement (car le bond market laisse
    faire pour l’instant, et ca peut-etre a cause du fait que le bond market a l’interet a que les rendements ne montent pas en realite, peu importe les politiques US – vue qui detient ces bonds de
    tresor).

    La encore je vais me répéter un peu : les taux longs ne montent pas parce que les acteurs économiques épargnent et l’argent épargné va en priorité dans le
    compartiment obligataire mais aussi, dans une moindre mesure, dans le compartiment action. C’est probablement une des explications principales du rally action et de la sauvegarde du compartiment
    obligataire avant meme le QE qui n’intervient probablement que sur certaines maturités très longues et a été dévolu en grande partie aux actifs toxiques.

    Les gens ne peuvent épargner que parce que la spirale déflationniste ne s’est pas installée grace à la réaction rapide des gouvernements sinon leurs revenus auraient été laminés par une spirale de
    type 29. C’est bien tout le problème d’une déflation. Celle de 29 s’est terminée par une injection massive de liquidité initiée par Roosevelt en 33 et s’est soldée par une inflation libératrice en
    36 qui a eu au moins le mérite d’enclencher le désendettement même si certains déflationnistes veulent refaire l’histoire au profit de leur théorie.

    2. Si ca marche (moi je pense que Bernanke est naiv), cela suppose que le controle des BC sur ces politiques se passe presque parfait (genre la devaluation ne va pas creer de panique et les
    consequences seront, comme tu dis, moins grave); comme je disais, on a vu que la FED n’a pas reussi a bien maitriser le « sauvetage » de Greenspan et que finalement les consequences ont etait graves;
    pourquoi cette fois ils vont maitriser parfaitement?

    Autant je pense que la déflation est la pire des solutions, autant j’ai des incertitudes sur le délai d’apparition de l’inflation et de son controle. Mon impression est que cette stagflation sera
    corrélée au découplage des émergents et que l’importance économique des US et de l’occident en général, les surcapacités de production industrielles existantes et les mécanismes stabilisateurs
    coordonnés sur le plan international devraient nous éviter une hyperinflation comme celle que pourrait rencontrer un pays isolé.

    Roubini parle actuellement de déflation-stagflation. Je crois qu’il n’a pas tort. J’anticipe depuis un moment un épisode de rechute des marchés actions et une hausse du dollar mais j’ai de plus en
    plus l’impression que cette rechute ne sera pas aussi profonde que prévu. L’évolution vers une stagflation ne devrait se faire qu’ensuite. Le timing reste toutefois très incertain. On voit bien
    qu’une reprise de l’économie probablement temporaire se matérialise dans différents domaines. Combien de temps cela peut-il durer ? … Il est beaucoup plus facile de prévoir les évènements que
    leur chronologie.

  19. Bonjour Marc 17 & 18.

    Sur le fond, la monnaie devrait toujours être un bien collectif.

    Mais comment simplement imaginer de revenir à une rectitude monétaire, un standard métallique, un système bancaire à réserves pleines … ?
    L’abandon de ces « garde-fous » a permis par le jeu de l’argent-dette, de soutenir la croissance mondiale qui a prévalu ces dernières décennies et à de nombreux pays d’augmenter le niveau de vie de
    leur population, malgré un accroissement démographique mondiale dramatique.
    Une bonne chose.

    L’équilibre reposait sur l’indépendance des banques centrales, la capacité des états à maitriser leur déficit, le développement d’un système de crédit sain et un système de change flottant pour les
    plus grandes devises.
    Tant que ces équilibres ont été respectés, les choses n’avançaient pas si mal.

    La dépendance de la FED a volé en éclat (au moins aux yeux du grand public) lors de la gestion de l’après bulle internet. Une politique à tx 0%, un laisser-aller voir une incitation coupable sur la
    distribution des crédits pourris pour fuir le problème du moment et relancer la machine, tout en sachant qu’on le retrouverait puissance 10 plus tard.
    En parallèle, une chimérique qui a travesti le système de change et les équilibres budgétaires.
    Les politiques ont abandonné (provisoirement ?) leur promesse de maitrise des comptes publics et les BCs, au service aujourd’hui total de leurs états respectifs, mettent en place des mesures non
    conventionnelles (quel euphémisme…).

    Comment revenir en arrière quand le poids de la finance représente une partie si importante du PIB ?
    Regarde la réaction des autorités britanniques aux déclarations de sarko de ce we sur la nomination de Barnier. Les 23% du PIB GB de la City représente un contre pouvoir considérable.
    Idem pour WS.

    Leur expliquer aujourd’hui que l’argent devrait redevenir un bien collectif, c’est leur expliquer qu’il doivent abandonner une partie de leur pouvoir.
    Il est tellement plus simple de faire reposer le poids du passé sur la monnaie, qu’ils ne vont pas se priver, et peu importe le bilan.

  20. Bonjour jef,
    Le problème est d’arriver à dissocier l’action actuelle des banques centrales qui me parait indispensable et les regrettables excès du passé. Beaucoup dénoncent une fuite en avant. Je réponds que
    ce n’en est pas une. La lutte contre la déflation n’est une relance économique que pour les journalistes. C’est dans les faits une indispensable mesure de sauvegarde dont l’objectif n’est pas
    économique mais purement monétaire. Le monde occidental ne doit pas comme le prône Attali dans son dernier billet essayer de croitre dans une crise de la dette qui le lui interdit mais se
    désendetter sans que ses monnaies ne s’apprécient car dans ce cas le désendettement serait impossible. Voir le piège japonais …

  21. Bonjour JCB et merci pour ta réponse mais pour moi le débat n’est pas clot :

    Pour l’instant, les flots de liquidité ne viennent pas garnir les comptes des particuliers, ni ceux des entreprises et les achats de biens de consommation et de biens d’équipements ne sont donc pas
    sur la voie de la reprise. Les liquidités émises par les banques centrales maintiennent en vie les banques et leur permettent de continuer à spéculer: voir la hausse des prix des actions et des
    matières premières qui ressemble à de nouvelles « petites » bulles…Ces liquidités vont également vers les Etats, mais les plans de relance de ceux-ci ne se traduisent pas encore par des
    embauches…tant que cette situation persiste, c’est la déflation qui s’impose, c’est à dire la baisse des prix et des revenus…même si de mini-b ulles se développent sur certains actifs..Engager
    de grands travaux, développer la voiture électrique…ça se décide rapidement, ça se met en oeuvre en plusieurs années..les tendances déflationnistes peuvent donc persistert pendant tout ce
    temps-là….

  22. Bonjour Michel,
    Je suis d’accord finalement avec tout ce que tu dis dans ton message. Les pressions déflationnistes sont fortes et directement liées à l’endettement. Mon propos est de dire que laisser s’installer
    cette déflation n’est pas la solution. Les mesures choisies par les banques centrales lisseront la crise et la stagflation qui en résultera à terme permettra de sortir à bon compte de l’impasse de
    la dette.

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