L’économie ne va probablement pas repartir comme le croyait Wall Street

Crépuscule

 

La rentrée est l’occasion de réfléchir sur les futures grandes évolutions économiques.

J’ai déjà expliqué que le retard pris pour mettre en place les politiques non conventionnelles en Europe ont étouffé les moteurs de croissance du continent et lui ont fait prendre du retard par rapport aux USA et à l’Angleterre. Les mesures d’austérité devaient rapidement être accompagnées d’un desserrement monétaire sous peine d’être récessives.

Mais les forces déflationnistes en cours un peu partout obéissent à des facteurs plus profonds. Le monde actuel, après les excès monétaires commis depuis 40 ans dans les pays développés, le vieillissement de la population occidentale et l’absence de nouveau gisement de productivité, ne peut s’accommoder de taux d’intérêt élevés. C’est la théorie de la secular stagnation. La force du dollar et les anticipations de hausse des taux en aggravent les effets.

L’économie mondiale serait à nouveau en train de ralentir. Il apparait par exemple que le commerce mondial ne s’accroit pas comme il le faisait lors des précédentes sorties de crise et que les thèses de Larry Summers pourraient s’avérer exactes, au moins à court terme.

CommercemondialSource http://philippewaechter.nam.natixis.com/2015/07/22/le-graphe-qui-minquiete/

Les ruptures technologiques, comme la robotique ou la médecine génomique, capables de relancer véritablement la croissance par la productivité, avancées par Ben Bernanke, sont plutôt pour après-demain. Il est de plus en plus évident que les banques centrales auront du mal à sortir des politiques accommodantes dans les prochaines années et que les taux vont rester durablement bas. La Bank of China est en train de préparer de nouveaux flux de liquidités à destination des banques et prévoit une diminution de leur ratio de solvabilité.

Après avoir tradé la hausse du dollar et la sortie de crise tonitruante avancée par les gourous de Wall Street, il est peut être temps de se positionner sur une possibilité évolutive moins bruyante. Je dis toujours que pour spéculer, il faut suivre une idée qui va être partagée par le plus grand nombre, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Quelle est cette prochaine idée ? C’est probablement celle de la secular stagnation.

J’évoque l’importance de maintenir ouvertes les vannes monétaires tant que ce sera nécessaire depuis longtemps. Je reste persuadé, comme tous les financiers des banques centrales, que nous ne sortirons de cette crise que par l’inflation et elle ne se fera qu’à force de création monétaire. La déflation créée par un arrêt de la surproduction de monnaie serait létale pour l’économie mondiale. Les déflationnistes et amateurs de chaos, continuent de penser que couper la production monétaire devrait nous mener au paradis. Que de bêtises ! Toutes les situations déflationnistes de l’histoire ont été catastrophiques et leur résolution n’a pu être obtenue que par l’inflation. Le New deal de Roosevelt n’était pas autre chose que du Quantitative Easing. Il n’y a aucune autre issue supportable pour les populations à la crise de la dette. Faire passer les cibles d’inflation des banques centrales de 2 % à 4 % aurait du sens. Cette théorie avait été avancée par l’ancien président de la Bank of Scotland et ne manquait pas de pertinence. Les dettes souveraines sont irrécouvrables sans dévalorisation monétaire et l’inflation est le seul impôt qui ne soit pas récessif.

Si la situation évoluait vers le maintien d’une expansion monétaire généralisée, l’or devrait à nouveau en être le grand gagnant. Le dollar devrait baisser progressivement contre la plupart des monnaies. Il est toutefois possible que la FED décide, malgré tout, de réaliser une hausse symbolique de ses taux pour garder en crédibilité, mais elle le ferait à un rythme et à un niveau qui, tout en créant beaucoup de volatilité, ne ferait pas monter le dollar plus haut.

La difficulté est de deviner le calendrier de ces mouvements sur les marchés. Il est possible qu’ils aient déjà commencé, mais un reversal à la faveur d’un évènement positif pour l’Amérique est tout à fait possible. Sur le plan du trading, vendre le dollar et acheter l’or doit donc se faire avec prudence. Les divergences d’opinions entre les grands acteurs économiques sur les marchés créent une volatilité considérable qui oblige à positionner des stops très éloignés et à diminuer les volumes pour rester dans la logique des pertes minimales acceptées. Ce n’est pas un problème lorsqu’on sait trader ou s’abstenir de trader, et qu’on pyramide dans les consolidations ou reprises de tendances bien établies. Pour réussir les prochains swings de Futures, je vous conseille comme l’an dernier de réduire fortement les positions unitaires et de les multiplier en scaling au fil des tendances dans les mouvements de repli. L’important est de ne pas sortir de ses positions lorsque la tendance en base hebdomadaire est lancée.

Bons trades !

29 réflexions au sujet de « L’économie ne va probablement pas repartir comme le croyait Wall Street »

  1. J’ai écrit cet article ce week-end et je comptai le publier la semaine prochaine. Mais étant donnée l’actualité boursière, j’ai préféré le publier aujourd’hui.

    • Bonsoir Jean Christophe,

      Merci pour ce point de route (et tous les autres) !

      Il semble effectivement que le scénario de Secular Stagnation commence à convaincre, en sourdine. Il ne faudra pas louper son anticipation.

      Comme tu le dis aussi en commentaire, l’or s’est découplé des commodities. De même que le spread « minières – or » avait cessé d’être stationnaire (retour à la moyenne) il y a quelques années déjà, ce qui était un signe. Ce n’est pas anodin.

  2. merci JC. L’or est le grand perdant du jour. il n’a pas profité de la baisse du dollar mais a beaucoup moins baissé que les matières premières. mais les choses peuvent changer rapidement.

    • L’or n’a rien perdu aujourd’hui. L’or ne montera pas tout de suite. Je n’ai pas le calendrier ni même la certitude que la croissance américaine va ralentir mais si on veut prendre une tendance à son tout début, il faut être en avance de phase. La stagnation de l’or n’a pas l’air de faire peur aux gourous de WS qui ont acheté 7 tonnes d’or physique sur le comex il y a peu.

    • L’or avait baisse avec les indices pendant la periode crise de Lehman brothers (deleveraging, course au cash). Le fait qu’il ait resiste c’est peut etre pas si mal? Bon ok a l’epoque les gerants prenaient leurs benefices sur l’or qui avait grimpe pendant des annees ce qui n’est pas le cas aujourd’hui…

    • L’or est sensé baisser avec les autres matières premières en cas d’éventuelle récession mais il ne baisse pas car si il y a récession, la FED ouvrira les vannes monétaires et ca fera monter l’or.

    • Sauf qu’il stagnerait à 3000 et non à 1150 si les cours n’étaient pas manipulés en permanence

    • La manipulation existe mais si l’or doit monter il monte. il n’a pas chuté pour rien non plus. C’est bien la perspective du resserrement monétaire US qui en est l’origine. N’oublie pas non plus que l’or n’a que peu baissé en euros.

    • Il n’a pas baissé mais il n’a pas monté depuis 2008. Versus l’inflation, il a baissé.

  3. Comments from Atlanta Fed President Dennis Lockhart:

    Expects Fed to begin raising rates this year
    US wage growth well below pre-recession rates
    Fed policy normalization to ‘proceed gradually’
    Expects moderate growth, rising inflation

    • Renaud, ces gels sont dus aux CFDs. Ce sont des contrats et ils sont différents des sous-jacents qu’ils couvrent. Ils n’ont pas toujours une contrepartie immédiate et ca bloque les prix qui ne suivent pas tout a fait les sous jacents. C’est un marché qui manque d’arbitragistes.

  4. Merci Surfeuse, les gens de Carminac sont très souvent justes dans leurs analyses. Je suis d’accord avec tout en particulier l’idée que la hausse des matières premières pourraient etre le prochain grand mouvement lors de la reprise des émergents. Cela signifie que si la croissance tombe en panne (il manque dans l’interview le gros bémol du surendettement mondial), l’or monte et si la croissance repart, les MP montent et l’or monte. Ca me conforte dans l’idée que l’or a probablement atteint son point bas.

  5. Le meilleur pour la fin :

    Barclays Capital moved its call for the first Fed rate hike from September 2015 to March 2016.

    C’est pas le plus probable mais why not ? …

  6. Les médias sont là à nous parler de « chute des marchés », de « krach ». -5.35% et même pas de croisement de la ligne de tendance. Mais ça fait vendre. Ca ressemble à une correction rapide pour le moment, pas à un krach, et à en juger par l’apathie des commentaires partout, il n’y a que le THF qui déguste.

    • bonjour,

      ce type de « blabla » ds les medias est souvent un signe precurseur ….de fin de tendance

      pour moi,
      la baisse est controlee
      le dernier vrai « krach » était en octobre 1987
      mais comme tu le dis « ça fait vendre » :-)

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