Une analyse bancaire réaliste

Par Jean Christophe Bataille

La société générale à publié récemment une analyse pour ses clients étrangers évoquant comme nous la possibllité d’un scénario bear pour l’économie et inflationniste pour les monnaies. Je vous le livre car il mérite d’être lu :

 
La Société Générale tire la sonnette d’alarme
lefigaro.fr | JDF | 20.11.2009 | Mise à jour : 18H19

Dans un rapport adressé à ses clients, la banque française les appelle à dessiner une stratégie d’investissements de défense afin de se préparer à l’explosion éventuelle de nouvelles bulles financières.

Le pire pourrait être devant nous. C’est une des hypothèses qui ressortent d’un rapport de la Société Générale, intitulé « le pire scénario de la dette», selon lequel les récents plans de sauvetage mis en place par les gouvernements mondiaux ont simplement transféré des passifs du secteur privé au secteur public, créant une nouvelle série de problèmes. Premier d’entre eux, le déficit. «Le niveau de la dette paraît tout à fait insoutenable à long terme. Nous avons pratiquement atteint un point de non retour en ce qui concerne la dette publique», précise le rapport de 68 pages.

L’endettement global est beaucoup trop élevé dans la plupart des économies des pays développés, par rapport à leur PIB. Aux Etats-Unis et dans l’UE, la dette publique représentera ainsi 125% du PIB dans deux ans. Au Royaume-Uni, elle s’élèvera à 105% et au Japon, à 270%. Le problème de la dette sous-jacente est plus important qu’il n’était après la seconde Guerre Mondiale, alors que les taux nominaux étaient similaires. Sauf que cette fois-ci, les gouvernements seront pris à la gorge, le vieillissement de la population rendant plus difficile qu’auparavant l’effacement de cette dette avec la croissance. Les pays émergents ne seraient pas non plus épargnés, même si leur marge de manoeuvre sera plus importante qu’au sein des grandes économies occidentales.

Parmi les pires scénarios envisagés, le rapport évoque une nouvelle chute des marchés, une inflation galopante ainsi qu’une forte chute du dollar. Or quand la crise bat son plein, tout le monde se retourne vers la valeur refuge par excellence, l’or. Dans ce contexte, le prix du métal jaune atteindrait des sommets jamais vus. En plus du métal jaune, le rapport table qu’une autre valeur refuge devrait tirer son épingle du jeu, les denrées alimentaires. A contrario, la banque conseille de se désengager du dollar et des valeurs cycliques, telles que les technologiques ou celles liées au secteur de l’automobile.


J’ai toutefois un point de divergence avec cette analyse. Le pétrole n’est pas mentionné comme valeur refuge dans cet article. La raison en est que la stagnation ou la rechute des économies ne soutiendra pas la demande. C’est exact, mais il faut néanmoins penser que le pétrole est une matière première et que sa valeur nominale va augmenter par rapport à sa valeur en monnaie constante : il s’agit d’un bien tangible. Ensuite sa valeur réelle va effectivement chuter comme nous le répétons sur ce blog mais moins que beaucoup d’autres actifs car le prix de cette commoditie ne peut que flamber à l’horizon de 5 ou 10 ans avec le franchissement récent du Peak Oil (source officielle AIE) et le développement des émergents. L’expérience prouve que pour ce type de mouvement, les marchés sont capables de débuter leurs anticipations très en amont et il faudra commencer à accumuler relativement tot le pétrole dans la rechute des marchés à venir, probablement en 2010. Je ferai un flash spécial pour un premier point d’entrée.

9 réflexions au sujet de « Une analyse bancaire réaliste »

  1. A signaler sur contre-info l’analyse de Ambrose Evans-Pritchard qui
    rejoint celle de Futures. Je suis suis en accord avec lui en particulier sur le niveau que pourrait atteindre le pétrole dans une forte rechute des marchés : 50 $. je crains que le pétrole ne nous
    donne pas de meilleure opportunité d’achat. 40 $ serait ama un aubaine pour les investisseurs étant donné l’état actuel du dollar et son évolution en cas de poursuite de la monétisation.

  2. JCB, pourquoi faire confiance a l’analyse de la Societe General alors qu’ils ont due etre sauve car ils n’ont rien vu venir en 2008? Pourquoi suivre leur analyse? (sans pour autant critiquer
    larticle de ce blog ;->)

    Je te conseille vivement de lire cette article excellent (qui je pense a plus de poids que celle venant d’analyste de banque qui ont completement perdu leur credibilite a mes yeux).

    Oui donc cet article emanant de la ECB et qui vaut son pesant d’or:

    http://www.ecb.int/press/key/date/2009/html/sp091120_1.en.html

    Il y a plusieurs passage interessant:

    The US and other advanced countries would exit last, as their economies are proving to be the slowest to recover. This would be the ideal sequence.

    « …Unfortunately, the reality appears to be quite different. Emerging Asian economies have not yet exited and do not seem to be in the mood to exit first, despite the stronger pace of their
    recovery, at least compared with that of the US… »

    « The consequences of a late exit strategy have not been sufficiently examined. A delayed exit aims at increasing the incentives to lend at (low) fixed rates. But the more the exit is delayed, the
    greater the adjustment will have to be when interest rates are ultimately increased, in order to catch up. And the greater the interest rate adjustment, the larger the capital loss to fixed income
    asset holders. »
    « 

  3. A un passant, les américains disent souvent qu’ils font plus confiance à un dirigeant qui fait faillite qu’à un nouveau dirigeant car c’est dans l’échec et avec les erreurs que l’on s’améliore.
    J’accorde donc à la SG la possibilité de pondre une analyse pertinente. Je le fais d’autant plus que ce n’est pas la société générale qui m’influence puisque j’ai donné cette analyse bear pour
    l’économie et inflationniste pour les monnaies sur tropical il y a plus d’un an. Il suffit de reprendre mes posts.

  4. Peut etre que le fait que le stress est un peu trop mis sur le fait que les emergents (Chine et Inde) vont etre les grand vainqueur et que les autres (US et Europe) vont voir leur monnaie se
    desagreger…je precise que je ne prends aucun parti pris (pays develope ou emergent), je ne suis ni pour l’un ni pour l’autre (pas de demagogie, politique ou autre ideologie).

    J’ai quand meme l’impression qu’on est en train d’assister a une « guerre macro economique ». Les dirigeants de la FED (avec ou sans la ECB la est la question?) sont plus au moins en train de mettre
    a genoux la Chine ,entre autre, au niveau monetaire.

    En effet, le fait de connaitre une crise financiere puis de laisser les taux a zero, un dollar qui chute pourrait creer un situation similaire a celle que le Japon dans la fin des années 80 dans le
    sens d’un creation d’une bulle financiere massive (stocks, Real estate, surproduction etc.. (qui serait d’ailleurs plutot deflationniste)) ou la thailande dans les alentours des années 95 ou dans
    les pays nordic autour de 1992.

    Dans ces dernieres situations cela a toujours ete dans un fond de crise Americaine ou soudainement tous le flot monetaire est rediriger vers ce qui est percu plus sure et stable causant une
    instabilite de premiere qui fut toujours suivit d’une chute deflationniste et catastrophique pour l’emploi (imaginer en Chine…)

    Pourrais tu mettre en avant les points (si tu as le temps), qui te semblent important et qui sont en lignes avec votre vue de la crise comme tu l’indiques…car j’ai quand meme l’impression que cet
    article de la ECB est plutot important et en quelque sorte essaie de reajuster ce qui est en train de se derouler (que se soit le peg monetaire de la chine avec le dollar ou le fait d’avoir des
    zero au US) avant que cela ne soit trop tard…

    C’est vrai que je suis un peu hors sujet avec l’article initial … desole :->

  5. Les USA et la Chine sont aujourd’hui des frères ennemis. En jeu la politique monétaire expansionniste américaine qui affaiblit le dollar et les réserves de change chinoises et coté chinois, le
    refus de vouloir faire rentrer le yuan dans le système de change flottant et la menace de ne plus acheter la dette américaine. J’ai d’ailleurs quelques infos récentes sur ces sujets après un
    contact avec les milieux d’affaires chinois. J’essaierai de les publier prochainement. J’ai tendance à penser que les deux pays se tiennent par la barbichette et que les US seront perdants à terme
    lorsque, sans parler de découplage complet, la Chine aura développé suffisamment son marché intérieur et les relations commerciales en monnaies émergentes avec les autres émergents.
    Si j’ai bien compris, l’article insiste sur le timing et le rapatriement des capitaux vers le dollar dans le cas d’un crise d’importance. C’est affirmer que le centre de gravité de l’économie
    mondiale n’est pas en train de basculer vers les émergents. Or je crois ce mouvement inéluctable et à titre personnel, je préfère nettement placer mon argent dans l’or que dans le dollar en cas de
    crise majeure. J’ai la certitude qu’en cas de nouveau risque systémique, la fed va de nouveau élargir son bilan et que le dollar se dévaloriser un peu plus. Pourquoi alors acheter du dollar ?
    J’avoue même préférer la devise chinoise largement sous évaluée par rapport au dollar ou l’euro qui est ma monnaie de consommation. Bien sur en cas de nouvelle crise de liquidité les chinois
    souffriraient économiquement mais ils se redresseraient beaucoup plus vite que nous. Enfin, est-on sur que la prochaine crise des défauts de paiement américains sera aussi forte qu’on le dit. Il
    circule tellement d’informations contradictoires sur le net que je suis devenu extrêmement méfiant.

  6. belle initiative
    sur la Chine, dans l’attente de l’article…
    un avis stimulant de M. PETTIS

    Extrait
    (…) my meetings in NY and DC were fairly different from the meetings I had in February. This time around I got the impression that far more people in the US (although still a minority) understand
    how risky the Chinese recovery has been and how trade tensions are likely to result as a consequence of the stimulus. In fact I have the sinking feeling that over the next two or three years I am
    going to find myself spending an awful amount of time thinking or writing about trade disputes between China and the rest of the world.

    Regular readers know that for me the key source of China’s high savings and trade surplus is the large excess of the growth rate in national income over household income, caused in large part, I
    believe, by policies that systematically transfer income from the household sector to investment, SOEs and large producers. Until these policies are reversed I do not think it is meaningful to talk
    about China’s rebalancing. Just before President Obama came to China President Hu gave a speech which my friend Dan Rosen in his November 13 Rhodium Group report described as a “stirring speech
    about a policy big bang to promote consumption-led growth.” Dan is skeptical, and I am adamant – a surge in consumption will not happen except perhaps briefly as a consequence of government
    subsidies and anticipated consumption. (…)

    http://mpettis.com/2009/11/lecturing-each-other-on-trade/

  7. Bonsoir Philippe,
    Pettis est toujours très bear sur la Chine et sceptique sur le découplage. Une sorte de Pretcher sur l’Asie. Mais ses écrits ont parfois du sens. Je pense que la notion du découplage est très vague
    et que les gens qui en parlent ne mettent le curseur au même endroit.

  8. Bonsoir,

    Notons que ce scénario est une sorte de borne inférieure –« the worst case ».Espérons ne pas la toucher…
    On parle beaucoup de l’endettement américain ( en $ ) alors que d’autres s’inquiettent de l’endettement français, italien, irlandais, grec…en €.Donc, disent les mauvaises langues en deutche mark,
    en monnaie étrangère.Et çà c’est bien plus grave !
    Le dollar pourrait descendre exponentiellement vers zéro, sans pour autemps disparaître.Il resterait à imprimer des billets avec un zéro de plus. Je paris que l’Euro suivrait ; les allemands y
    consentiraient (à contre coeur soit).Mais pourraient-ils laisser les latins et les irlandais faire faillite !!!
    Je suis d’accord avec vous sur le fait d’une inflation de 10..20% sur quelques années, histoire de diviser les dettes par deux.Un moindre mal comparé à une vraie déflation ou a un Weimar.Nous some
    condamnés à l’optimisme.
    A nous d’être suffisamment futés pour prendre le virage au bon moment…et investir .

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