Où va l’économie mondiale à moyen-long terme ? – N°2

Par Jean Christophe Bataille.

Forecast image type

Nous avons vu dans le premier article que l’occident avait de fortes chances de voir ses monnaies se dévaloriser. Autrement dit nos pays devraient souffrir de l’inflation. Cette inflation pourrait naître plus ou moins tardivement de quatre mécanismes bien différents :


A. Une inflation importée liée, entre autres facteurs, à une montée excessive du prix des matières premières en dollars.

B. Une fuite devant le dollar ou hyperinflation après un krach obligataire aux USA. 

C. Une fuite devant l’euro ou hyperinflation après un krach obligataire européen qui se généraliserait au monde occidental. 

D. L’inflation ne se déclencherait pas rapidement selon A B ou C car la montée des matières premières et la hausse des taux créerait une récession avec double dip mondial avant d’avoir pu relancer les prix. On observerait un cycle déflation-slumpflation.

Les interrogations à 5 ans

L’analyse de la situation reste grevée d’incertitude. La prévision économique restant un art difficile, il est fondamental de compléter la réflexion sous forme d’interrogations :

1. Une inflation importée est-il imaginable dans un contexte où les prix à la consommation montent très peu selon les indices officiels ? Est-elle possible dans un pays comme les USA qui se désendette et est plutôt en proie à des pressions déflationnistes ?

Tout d’abord, il est toujours difficile d’imaginer qu’une situation va changer quand on est habitué à celle-ci depuis trente ans. L’inflation n’est pas dans les esprits, elle parait donc impossible. Je rappelle que quand l’or a commencé à grimper en 2000, on le qualifiait de relique barbare qui ne rapportait aucun rendement. Sa détention avait fait perdre de l’argent pendant 20 ans de désinflation et il n’avait plus aucun intérêt. Personne n’aurait pensé à l’époque qu’il serait aujourd’hui cinq fois plus cher. Je rappelle également que personne n’imaginait en 1930, alors que les prix chutaient fortement, que l’inflation se développerait en 1936 et que la guerre éclaterait en 1940. Il faut donc se méfier de ne pas sous estimer le potentiel évolutif rapide des situations économiques et politiques.

Je répondrai ensuite que d’une façon globale, le monde est plus inflationniste que ne le révèlent les indices. Comme à chaque fois, je renvoie vers cet article que j’ai écrit l’an dernier : Le monde est inflationniste qui montre que le monde est en inflation depuis que l’or ne joue plus son rôle de monnaie de réserve.

Nous sommes actuellement dans une période de simple ralentissement de l’inflation liée au deleveraging immobilier. Cette baisse de l’inflation ne saurait durer très longtemps pour toutes les raisons déjà évoquées :

– Les émergents vont entrer dans la phase 2 du cycle de Kondratieff, normalement inflationniste.

– Les émergents ont véritablement découplé comme je l’affirmais en 2008 en d’autres lieux et le confirmais sur ce blog en 2009, dans un article sur le découplage des émergents.

– Nous produisons plus de monnaies que de richesses, et dans un monde globalisé, cet argent va s’investir chez les émergents et les producteurs de matières premières alimentant un peu plus leur tendance inflationniste naturelle.

– Nous sommes, à l’exception de l’Allemagne et du Japon, des pays importateurs de biens et souvent de services. Nos balances commerciales sont très déséquilibrées. Nous sommes donc condamnés à importer de l’inflation par les produits et les services importés si celle-ci se développe chez les émergents.

– La dette que nous avons accumulées est récessive et nous oblige à maintenir grand ouvert le robinet des liquidités qui va alimenter le carry trade sur le dollar.

– Nous créons même, artificiellement et par des mesures non conventionnelles, de la monnaie qui s’investit ailleurs par le même mécanisme.

– Pour lutter contre l’inflation, les émergents vont monter leurs taux courts, ce qui rendra leurs monnaies encore plus attractives car mieux rémunérées, ce qui asséchera à nouveau les liquidités occidentales, obligeant à une nouvelle création de monnaie.

– En luttant contre l’inflation, les émergents tendent vers une croissance vertueuse qui garantit un développement solide de leur économie et de leurs entreprise. Ces perspectives de développement iront, elles aussi, dans le sens d’une fuite des capitaux occidentaux vers les émergents, ce qui asséchera encore plus les liquidités occidentales obligeant à une création de monnaie supplémentaire.

– La surchauffe des émergents avec une croissance proche de 10 % ne peut qu’inflater le prix des matières premières et des salaires.

– Les émergents seront réticents à resserer totalement l’étau monétaire tant que leur marché intérieur ne sera pas complètement développé, sinon ils réduiraient la croissance de façon excessive chez eux et feraient plonger les économies matures, ce qui risquerait de détruire leur propre potentiel à l’export.

– Le reste de l’histoire est connue, nous ne tiendrons pas longtemps avec une explosion des prix à l’import sans dévaloriser nos monnaies et ni monter nos salaires en monnaie courante. La situation sera intenable et les entreprises exportatrices occidentales seront encouragées à cette hausse car la baisse de nos devises leur permettrait de faire monter les salaires en monnaie courante sans nuire à leur compétitivité. Ce dernier point est important car il répond aux gens qui pensent que les salaires ne peuvent pas monter quand il y a un chômage important. En fait, les salaires ne monteront pas en monnaie constante, ils pourraient même baisser tout en apaisant les revendications syndicales si l’inflation augmentait rapidement … En revanche, cette dévaluation monétaire sera néfaste sur le prix des matières premières importées puisqu’elle fera perdre en compétitivité sur les coûts matières. Les allemands adeptes de la désinflation compétitive l’ont bien compris, mais leur politique ne fonctionne que si les acteurs économiques publics et privés ne sont pas trop endettés et restent solvables. Si ce n’est pas le cas, l’inflation est le seul recours honorable pour accélérer le désendettement et rétablir l’équilibre bilanciel. Créer de la monnaie est souvent plus facile pour les hommes politiques que d’affronter la rue. Les syndicats ont d’ailleurs commencé à organiser la contestation en Grèce, en Irlande et au Portugal. Les thèmes populistes jetant l’anathème sur les banques, exutoires de politiques monétaires et fiscales inadaptées vont fleurir. Si l’euro n’existait pas et si l’Allemagne ne tenait pas les rennes de l’Europe grâce son importante capacité d’autofinancement de puissance exportatrice, certaines  monnaies nationales auraient déjà perdu la moitié de leur valeur, les prix et les salaires auraient flambé. Je m’inscris donc en faux contre certains analystes lorsqu’ils disent que les salaires ne peuvent pas grimper lorsqu’il y a surcapacité de production. Non seulement les surcapacités sont en train de se résorber très vite sur la planète avec la montée en puissance de la consommation intérieure des émergents mais cette affirmation ne vaut qu’à monnaie constante et ne peut s’appliquer qu’à un système économique occidental solvable et à une inflation par la demande. Ce n’est pas le casEn revanche, cette évolution suppose que les monnaies conservent leur crédibilité, ce qui nous amène à la deuxième question :

2. Une hyperinflation est-elle possible à brève échéance ?

Ce n’est pas mon scénario central mais elle est possible. Les obligations indexées sur l’inflation sont toutefois en train de consolider dans la crise irlandaise. Ce qui ne va pas pour l’instant dans le sens d’une hyperinflation mais d’un simple ajustement actuariel à la hausse des taux longs. Probablement une nouvelle occasion d’achat pour ce compartiment obligataire si cette baisse se poursuivait … Quant à la dette de l’Amérique, le Quantitative Easing 2 a été entériné par les marchés comme une évolution nécessaire. Ceux-ci attendront donc probablement au moins une production supplémentaire de monnaie avant de condamner le dollar. Mon impression est que le système actuel risque de tenir encore et que l’inflation pourrait parvenir à se propager par les coûts avant que les monnaies n’aient eu le temps de s’effondrer. Cela n’empêchera pas nécessairement un krach obligataire, mais l’inflation serait dans ce cas plus mesurée.


3. Dans quel délai surgira l’inflation en occident ?

C’est une grande question qui en implique une autre :


4. Jusqu’ou peuvent monter les matières premières sans créer de contre-choc récessif ?

La réponse est comme toujours dans la qualité du découplage des émergents et leur capacité à assurer seuls la pérennité de la croissance mondiale. On a vu en 2008 que ce découplage était déjà très important.


5. L’inflation va elle atteindre l’Europe comme les USA ?  Si on peut imaginer que les USA vont utiliser largement la printing press, qu’en sera-t-il des européens ?

Si Axel Weber prend les rennes de la BCE, il est possible que l’austérité gagne l’Europe dans un environnement plut^pt stable sur le plan monétaire avec un épisode récessif et une baisse importante du pouvoir d’achat apparent pendant plusieurs années, occasionnant de nouveaux conflits sociaux difficiles à soutenir. Le maintien de la zone euro en l’état va dépendre de l’attachement et de la générosité des pays européens solvables envers l’union européenne et sa monnaie. Je fais le pari que ces pays, en particulier l’Allemagne, ne lâcheront pas les pays en difficultés car ils auraient beaucoup plus à perdre qu’à gagner dans la destruction de la zone euro.


6. Sans l’Allemagne et ses satellites du nord, l’Irlande et le Portugal seraient déjà condamnés à dévaloriser leur monnaies pour venir à bout de leur dette, leur capacité d’autofinancement étant des plus altérées. Une sortie de l’euro de ces pays avec retour à leur ancienne monnaie très dévaluée et une restructuration de leur dette souveraine est-elle encore possible ? Que se passerait-il en cas d’aggravation de la situation de pays beaucoup plus importants comme l’Espagne, l’Italie ou même la France ?

Il n’est pour moi pas totalement impensable que la zone euro change de visage et perde quelques uns de ses membres les plus en difficulté pour essayer de conserver un noyau dur plus solvable en Europe comprenant la France, en conservant la monnaie unique. Cette sortie de la zone euro de certains pays européens très endettés pourrait renforcer significativement l’Europe résiduelle et la monnaie unique. Ce n’est cependant pas l’hypothèse que je privilégie, en sachant que diktat de l’Allemagne sur les budgets nationaux en contrepartie de son aide va s’exprimer avec beaucoup plus de force qu’à Maastricht …


7. L’Amérique est-elle véritablement insolvable comme l’affirment certains ? Ou les USA sont-ils en meilleure posture que les pays comme l’Espagne, l’Italie ou même la France  ?

Pour répondre à ces dernières questions, voici un tableau essentiel à mes yeux :

Pays

Dette/PIB

Recette/PIB

Dette/Recette

France

77,6

48,0

161,7

Allemagne

73,2

44,3

165,3

Grèce

115,1

36,9

312,2

Irlande

64,0

34,1

248,4

Italie

115,8

46,6

187,5

Portugal

76,8

41,6

184,8

Espagne

53,2

34,7

153,2

Royaume-Uni

68,1

40,2

169,2

Etats-Unis (Gouvernement fédéral)

53,0

14,8

358,1

Source : Eurostat, CBO, Morgan Stanley Research

Notons que ces chiffres datent de 2009 avant le Quantitative Easing 2. Sans faire cocorico, je me permets de dire que la France est en meilleure situation que les USA, bien que l’agence Dadong, fer de lance de la contestation financière chinoise, les ait classés toutes les deux dans la même catégorie. La France, si elle est très endettée, possède une bien meilleure capacité à financer sa dette, par un ratio dettes / recettes deux fois supérieur. Notons que l’Espagne, l’Italie et le Portugal ont également un ratio beaucoup plus favorable que celui des USA. On constate en revanche que l’Irlande et la Grèce sont mal en point, mais qu’elles font tout de même un peu mieux que les Etats-Unis … On remarque bien là toute l’hypocrisie des agences de notation américaines … Bien sûr, chaque pays a ses spécificités. La France par exemple a un système social pléthorique qui creuse chaque année son déficit. De plus, les prestations de ce système augmenteraient avec l’inflation rendant impossible sa dilution dans l’expansion monétaire. Nul doute que dans ce cas, l’état providence serait amené à diminuer sa générosité. En contrepartie la situation bilancielle de la France est bonne. L’épargne des français est bien supérieure à la dette souveraine du pays. Ce qui n’est pas le cas des pays anglo-saxons.


8. A quel point les USA sont-ils surendettés ?

La dette affichée dans le tableau ne tient pas compte de l’endettement des collectivités territoriales qui sont pour certaines au bord de l’asphyxie. Si on tient compte de ce facteur, et sans avoir d’élément sur la fiscalité des états fédérés et des municipalités américaines, le ratio dettes sur recettes ne peut que s’aggraver. Pour contrer une évolution négative de leur situation d’endettement public, les américains doivent donc augmenter considérablement leurs impôts. Si on tient compte du tableau, ils doivent les doubler, avec toutes les implications récessives que cela suppose ! Je pense toutefois qu’ils ne le feront pas tant que leur endettement sera adossé à cette formidable machine à générer du cash qu’est la Chine.

Mais la Chine finira par se lasser de fabriquer des produits pour les Etats-Unis en échange de dettes qui seraient amenées à perdre de la valeur. Les américains ont tout intérêt à faire de l’inflation rapidement, avant que l’indépendance de la Chine soit totale.


9. L’Amérique peut elle un jour faire défaut sur sa dette ?

Ce n’est pas exclu si le découplage total avec la Chine progresse encore mais ce serait un aveu de faiblesse catastrophique qui ôterait tout leadership aux USA dans le monde et créerait une hyperinflation sur le dollar. C’est pourquoi, je persiste à penser que les USA feront tout, avant cette échéance, pour dévaluer leur monnaie et créer une stagflation car c’est la seule issue honorable pour eux.

10. Quand le yuan va-t-il rejoindre le système monétaire mondial de change flottant ?

Encore une incertitude de taille ! Mais le yuan va irrémédiablement s’apprécier face au dollar et il le fera dans des proportions importantes.

11. Un contre-choc récessif va-t-il faire baisser suffisamment les matières premières pour donner aux épargnants européens, après emballement des prix, une véritable opportunité d’achat sur ces ressources ?

Cela dépendra de la stabilité de l’euro, du mode de survenue de l’inflation. Il y a donc beaucoup d’incertitude …


Les interrogations à plus long terme.


10. Quand l’évolution stagflationiste, si elle se produit, va-t-elle être contrée en occident par une hausse des taux courts et évoluer vers une nouvelle désinflation ?

Probablement pas tant que l’endettement occidental global, public et privé, ne sera pas arrivé à un niveau acceptable, c’est à dire dans plus de 10 ans. A moins que de grands pays, en dehors des PIGs, comme les USA, décident de faire défaut sur leur dettes. Ce n’est pas du tout mon scénario central. Dans tous les cas, l’or a de beaux jours devant lui en dollars …


11. Quelle évolution économique à plus long terme ?

La poursuite de la mondialisation pourrait faire monter progressivement les salaires émergents à un niveau les rendant insuffisamment compétitifs, permettant le retour de certaines industries à moindre valeur ajoutée dans nos pays. Autant dire que dans ce cas, l’inflation aura fait rage en occident par l’association de la hausse des couts salariaux et de celle des coûts matières. Les coûts matières devraient en tout cas s’équilibrer avec les coûts salariaux mondiaux et installer une meilleure répartition géographique des richesses. Mais la rareté programmée de certaines matières premières et de l’énergie devrait engendrer un combat sans merci pour leur approvisionnement.

A venir : Où va l’économie mondiale à moyen-long terme ? – N°3

25 réflexions au sujet de « Où va l’économie mondiale à moyen-long terme ? – N°2 »

  1. Bonjour Mr Bataille,

    Quelques excellents articles clairs pour bien décrire vos anticipations… Vous écriviez il y a quelques temps à propos de la hausse du Yuan « La stratégie pour
    profiter de ces évolutions consiste à acheter des titres de créances chinois en monnaie locale à échéance courtes sans couvrir le risque de
    change. Le choix du monétaire ou des échéances courtes a pour objectif d’éviter de prendre le risque d’une montée des taux longs en cas d’évolution trop
    inflationniste. Il faudra les arbitrer pour des actions chinoises lorsque le Yuan et les taux courts auront atteint un niveau suffisant pour faire atterrir l’économie de l’empire du
    milieu. » 

    Pour faire simple, sans parler Yuan / dollar / euro… Si on monte les taux courts, on jugule l’inflation, et les anticipations d’inflation futures diminuent (et
    donc les taux longs avec). La valeur des bonds courts baissent (hausse des taux), celle des longs augmentent (baisse des taux).

    Jouer la stratégie dont vous parlez signifie: envisager une baisse évidente des titres de créance courts en Yuan,
    mais avec un renforcement du doublon yuan/eur ou yuan/dollar qui viendrait compenser cette baisse. Cela revient à jouer une baisse + une hausse, mais sans en connaître la pondération, qui relève
    bien évidemment de nos sentiments économiques. Ai-je bien compris le raisonnement où bien suis je en train de faire une grosse erreur de traduction?

    Bien cordialement.

  2. Bonjour Oméga

    Je suis en déplacement. J’ai donc peu de temps pour répondre mais le commentaire est important.

    J’ai choisi d’acheter Chinabsolute N car le fond est couvert sur les variation EUR USD (Le fond A maitre est en USD). Cela élimine un niveau d’incertitude et je reste haussier sur le cross.
    J’observe qu’en pleine crise irlandaise, l’euro n’a pas retrouvé ses plus bas.

    Ensuite, le fait de choisir un produit monétaire ou détenant des obli à échéance courte correspond à la séquence pression inflationniste, hausse des taux courts dont hausse du rendement du fond
    meme si l’inflation démarre. Si celle ci devient effective, les taux courts vont continuer de monter et les obli long tereme vont baisser. Nous nous en moquons puisque le fond n’en pas. Si au
    contraire, l’inflation est totalement controlée par la hausse des taux court (ce qui va etre difficile) les taux court rebaisseront mais nous en moquons encore car ce qui compte est l’inévitable
    appréciation du yuan / dollar. En sachant que quels que soit les résultat sur l’inflation globale le yuan va s’apprécier. Si l’inflation monte les taux monteront mais le yuan sera moins fort
    contre l’or si elle ne vient pas le yuan dera très solide. Dans tous les cas c’est gagnant.

  3. Je veux dire les titres de créances à court terme (réméré, monétaire de façon pkus général, obligation en fin d’amortissement etc … ne peuvent pas baisser puisque les positions
    roulent très vite.

    Il n’y a donc pas de pondération sur deux forces opposés. Les leviers s’exercent dans le meme sens le gain en capital sur l’appréciation du yuan et le gain en rendement sans perte du capital
    nominal en cas d’inflation. Je précise nominal car s’il y a de l’inflation, comme pour toutes les monnaies, le yuan gagne contre toutes les autres monnaies mais peut perdre contre l’or mais dans
    ce cas nous avons la protection de 18 % d’or dans le patrimoine.

  4. OK merci pour ces précisions… Effectivement, je vois la nécessité de parler de titre de créance, et non pas d’obligations CT, ce qui est
    différent.

    En matière d’économie très basique, est-on d’accord pour dire que, quand une BC veut maîtriser les effets de l’inflation par les taux CT :

    augmentation inflation -> hausse des taux courts -> baisse de la valeur des obligations CT -> A ou B

    A : si inflation maîtrisée, baisse des taux longs par les investisseurs qui sont moins inquiets, donc augmentation de la valeur des obligations LT

    B : si inflation non maîtrisée, les taux longs augmentent car les investisseurs redoutent la dévalorisation de leurs actifs et sont donc plus gourmands en rendement, donc baisse de la valeur des
    obligations LT.

    Y a t-il une notion supplémentaire (timing ou autre) que j’oublie? Attention, je parle bien d’une vision simpliste, je ne veux pas rentrer dans trop de détails compliqués sur un simple
    commentaire.

  5. Question particulièrement intéressante et réponse franchement éclairante.

    Une remarque-question, si l’augmentation des taux courts n’a pas d’impact direct sur le prix des obligations longues, une relation indirecte existe en provoquant une diminution
    mécanique de la marge de transformation des banques qui empruntent à court terme pour prêter à long terme. Et ce faisant l’augmentation des taux courts rendrait les obligations longues moins
    attrayantes et donc plus enclines à leur baisse (merci au responsable du blog suivant:http://analyses.macro-finance-marches.over-blog.com/ pour son éclairage sur ce point).

  6. Oméga,

    C’est exactement ça les taux courts et les taux longs ont des comportements très différents. Une précision : une obligation est un titre de créance négociable aussi mais son échéance est longue.
    Mais si j’achète une obligation à 30 ans dont la fin de l’amortissement est dans un mois, elle se comporte comme un engagement monétaire type réméré à un mois puisque la dette s’arrete
    dans un mois et que je peux rouler la position dès l’échéance sur un nouveau support court terme mieux rémunéré.

  7. Bonsoir Flo,

    Comme le dit oméga si les taux courts montent ca limite l’inflation et docnc ca peut maintenir les taux longs a un niveau stable mais effectivement si la courbe des taux s’aplatit trop voire
    s’inverse comme lors de la réunidfication allemande, les produits courts et les produit obligataires rentrent en compétition souvent au détriment des taux longs qui finissent par
    regrimper. On dit la courbe des taux se repentifie.

  8. Bonsoir JC

    Un rapport de la Banque de France sur le taux d’endettement des agents non financiers au 30/06/2010 pour les USA,le Japon , et les principaux pays de l’UE:   taux d’endettement  –
     des ménages

                                   –
    des sociétés non financières

                                   – des
    administrations publiques

    http://www.banque-france.fr/fr/statistiques/telechar/titres/2010-T2-stat-info-taux-endettement-agents-non-financiers-comparaisons-internationales.pdf

     

  9. Bonjour à Jean-Christophe,à Daniela et à tous les lecteurs,

    Une monnaie puissante n’est pas forcément la panacée.C’est bien le handicap qu’a enduré l’Allemagne avec son mark qui ne cessait de s’apprécier.L’adoption de l’euro fut pour elle un
    formidable catalyseur qui lui permit de doper ses exportations sur le dos de ses voisins, français,italiens ou espagnols et ainsi d’absorber le coût de sa réunification.Demandons aux
    managers suisses si l’appréciation de leur franc les ravit?

     

    La Chine restera encore plusieurs années un pays essentiellement exportateur,même si sa production manufacturière monte en gamme,même si son développement et sa consommation intérieure sont à
    l’ordre du jour et prendront peu à peu le relais.Il faudra encore quelque temps pour que son économie marche sur ses deux jambes.

     

    Le cas du dollar US est pour moi difficile à cerner.Il s’effrite,l’euro aussi,chacun leur tour ce qui réjouit les tradrs  et nous prépare une future inflation importée.Officiellement
    la théorie voudrait qu’il y ait adéquation entre l’état de l’économie d’un pays et la monnaie de celui-ci.Pour le dollar,de nombreuses distorsions interviennent comme pour
    l’euro,d’ailleurs,mais pour le dollar il s’agit de forces convergentes,alors que pour l’euro elles sont divergentes:

      1-Sa puissance militaire et d’abord son leadership encore incontesté dans les technologies les plus sophistiquées:drones,prise de contrôle du réseau internet,boucliers
    anti-missiles,destruction de satellites par laser,bombes de brouillages hertziens …etc.Certes la Chine se dote de son premier porte-avions,ce qui en fera une puissance capable de
    sécuriser son approvisionnement en M P et éventuellement de se projeter sur des terrains extérieurs pour se joindre à des opérations multinationales.

    2-Comme l’anglais (l’américain basique) est devenu langue universelle de communication,le dollar reste,à quelques exceptions près, l’unité d’expression quasi universelle des M P, de
    l’énergie,et des comptes des entreprises mondialisées,y compris les Chinoises.

    Hier j’ai appris que le japonais Arisawa était prêt à acheter la filiale de désalinisation du belge Bekaert ,toutes les sommes étaient exprimées en dollars US!

     

    3-la force financiaire des Etats-Unis et la cohésion qui les structure.On sait bien que de nombreux pays du Moyen-Orient ne  »tiennent  » que grâce à leurs subsides,leur protection militaire
    et leurs contrats.Démocrates comme Républicains s’invectivent,mais seraient solidaires pour financer un gigantesque emprunt comme ils le furent dans les années quarante. 

     

    Et n’oublions pas que le dollar reste la référence à de nombreuses monnaies étrangères,comme le real brésilien,et évidemment le Yuan/Renminbi qui n’est toujours pas échangeable…

     

    Amha,le leadership des USA dispose encore d’une bonne trentaine d’années avant de vaciller…et nous avec.Rome n’est pas tombée en un jour.  

     

    P S Pas un mot sur l’idée farfelue de Cantona? Etonnante et détonante…

  10. Bonjour Bxx,

    Rome n’est pas tombée en un jour mais le temps s’écoulait 100 fois moins vite à l’époque. Si on ne parle que de finance, l’ère de l’internet, du déplacement des capitaux au millième de seconde,
    de la globalisation de l’information, ca devrait aller beaucoup plus vite. Un de mes correspondants chinois me dit que le yuan devrait rejoindre le système de change flottant dans les 4 ou 5 ans
    après s’etre apprécier progressivement au grè des pressions occidentales. Et pour moi le dollar est condamné comme monnaie de réserve à brève échéance (10 ans grand maxi). Que les russes et les
    brésiliens commencent à troquer des MP hors dollar en ce moment me parait déjà etre la mort du dollar tout puissant.

    D’accord avec toi en revanche sur la domination culturelle (30 ans ?) mais aussi militaire (15 ans ?) de l’amérique pour encore de nombreuses années.

  11. Le grand signal géopolitique qui signera la validation de la suprématie chinoise sera la récupération de Taïwan.

     

    Je précise récupération car naturellement, Taïwan est chinoise d’un point de vue état-nation, tout comme l’étaient Hong-kong et Macao. Mais les Etats-Unis ont fait de « l’indépendance » de Taïwan
    un sujet personnel, pour leur plus grand malheur d’ailleurs, car justement l’abandon de Taïwan sera à juste titre interprété comme l’affirmation définitive de la Chine dans tous les champs de la
    puissance (économique, politique, militaire, culturelle).

     

    Mon pronostic : +/- 15 ans. La rétrocession de Taiwan selon un schéma hong-kongais de « un état, deux systèmes » entérinera l’incapacté des Etats-Unis à établir des projections stratégiques sur
    l’ensemble du globe. Les grosses dificultés à mener deux guerres somme toute assez tranquilles d’un point de vue rationnel et militaire (Irak et Afghanistan) sont déjà un signe d’essoufflement
    des capacités de projections stratégiques états-uniennes.

     

    Comme l’explique d’une manière paradisiaquement claire Paul Kennedy*, « l’empire américain » tout comme ses prédécesseurs au cours des siècles est en train de s’écraser sous le fardeau économique
    de sa surexpansion stratégique.

     

    [* je recommande encore une fois la lecture du traité « naissance et déclin des grandes puissances » qui est à ce jour le seul traité que j’ai lu où l’auteur a quasiment tout compris. C’était donc
    un régal de le lire].

     

    Donc mon pronostic : 2025 pour la Chine vs Etats-UNis, signal = Taïwan

     

    Daniela

  12. Pour l’instant les Américains encadrent militairement la Chine.Et financièrement ce sont ses deux meilleurs clients,eux et nous qui faisons marcher leurs usines…

     Quels sont les principaux bastions du premier  »limes »?

     

    Taïwan,la Corée du Sud,le Japon.Les Philippines dont le sud subit les assauts islamistes sont sous bonne surveillance.Sans oublier l’Afghanistan,dont l’évolution démocratique est le cadet de leur
    soucis,mais qui leur offre un poste d’observation et de régulation exceptionnel.Du côté du dragon,à l’est,mais aussi du côté de celle qui détient les M P dont la Chine
    a un besoin impératif pour son développement,et sa paix civile,la Russie de Poutine/Medvedev.

    Il y a deux mois environ,on a appris (Les USA ont dit à nos medias de nous dire…) que l’Afghanistan possédait d’énormes richesses minérales.Qui l’a découvert? BHP Billiton,Rio Tinto? Que nenni!
    L’armée US! C’est elle qui décide ou non d’ouvrir les vannes…

     

    L’activisme américain de Bush dans les ex-républiques soviétiques d’Asie Centrale agaçait les nerfs des Russes qui considèrent ces Etats comme leur zone d’influence historique,leur
    zone tampon avec le monde musulman.La montée de l’islamisme que les Américains ont encouragé en sous-main et la vacuité des immenses espaces sibériens semblent en faire sinon des alliés
    tacites,du moins des observateurs prudents.Il y a là de l’espace,des ressources,exactement ce qui fait défaut à une population chinoise trop nombreuse et avide.

    L’annexion de Taïwan flatterait son orgueil nationaliste,point barre.Le déplacement de la frontière vers le nord-ouest lui offrirait une expansion bien plus avantageuse. 

     

     Tu as raison Daniela,la récupération de Taïwan marquera,à priori,car on ne peut pas prévoir où en sera alors la Chine de son évolution vers la démocratie,une rupture du statu-quo.Je
    pense que les dirigeants chinois se la gardent sous le coude pour, le jour venu, neutraliser des troubles internes ou comme moyen de pression sur les US débiteurs.Mais les grosses entreprises
    taïwanaises travaillent en Chine continentale.Assurément cet événement provoquerait le réarmement immédiat du Japon dont la technologie nucléaire n’a aucune commune mesure avec celle de l’Iran.Ce
    jour-là il faudra se préparer au pire.

     

    N’oublions quand même pas que de nombreux Etats fournisseurs de la Chine font partie des alliés (actifs ou passifs) ou des voisins des Etats-Unis.Canada,Australie,Irak,Monarchies du
    Golfe,Colombie,Mexique, …etc. Une sorte de second  »limes » en somme et qu’un embargo sur le pétrole et les M P décrété par les Américains ne laisserait pas deux mois de survie à
    l’industrie chinoise.En cet hiver rigoureux,le seul blocus du port charbonnier de Newcastle en Australie (NSW) ferait déjà pas mal de transis et de chômeurs techniques.

     

    Dernier point.Depuis environ un an,l’Inde,inquiète des éruptions de son voisin et ennemi juré pakistanais s’est rapprochée des Etats-Unis.

     

    N’oublions pas que si les Américains n’avaient pas décrété l’embargo sur le pétrole,le Japon n’aurait pas bombardé Pearl Harbour.Ceci dit,ils en avaient besoin pour lancer leur armée dans le
    Pacifique …Cela ne vous rappelle rien de plus récent? Un martyr qui permet de déclencher une invasion…Euh… Non. Pourvu que Hubbert se soit trompé dans ses dates… 

     

    P S @ Daniela,

    Je n’ai pas lu le livre de Kennedy mais nous avons en France un excellent spécialiste en géostratégie.La preuve c’est que le pouvoir l’empêche d’enseigner.Son parler vrai lui a valu
    d’être renvoyé de l’Ecole Interarmes (je ne sais plus le nom exact) par ce gentil ministre valet qu’était M Morin.Lui même depuis passé à la trappe.Son nom:Aymeric Chauprade.Dans ton
    entourage,on doit connaître.

  13. J’ai oublié de dire que contrairement à la chine,qui inventa le papier,la boussole et la poudre noire,(pour des feux d’artifice uniquement!) les US avec le Canada,le Mexique,la Colombie en
    renfort sont auto-suffisants.Ils disposent même d’autant de pâte à papier qu’ils veulent pour imprimer des dollars tout neufs et s’offrir le travail des courageux chinois.La politique de la
    canonnière a vécu,vive la sous-traitance libre et non faussée!  

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