Les obligations indexées sur l’inflation, c’est le moment …

Par Yves Belmont.

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Fonds et Sicav monétaires ou obligations indexées sur l’inflation ?

Dans quelle mesure les obligations indexées sur l’inflation sur-performent-elles l’inflation en comparaison des Sicav monétaires ?

Les obligations indexées sur l’inflation, c’est le moment …

Aujourd’hui les Sicav monétaires ne rapportent quasiment plus rien depuis l’abaissement du taux directeur de la BCE.
Dans le cadre d’une allocation de cette fraction de votre patrimoine sur un produit monétaire « sans aucun risque », souscrire une obligation indexée sur l’inflation est-ce plus rentable ?

Les rendements proposés sur les fonds communs de placement et les SICAV monétaires suivent les taux de marché actuellement au plus bas.

Déjà, l’an dernier Les fonds monétaires et de trésorerie ont délivré un rendement annuel moyen très faible: ils ont terminé l’année à 0,96% selon Europerformance. Depuis le début janvier 2010, la performance moyenne des fonds monétaires ne s’est guère améliorée.

Les rendements annualisés des meilleurs fonds monétaires tournent autour de 2,75% depuis plusieurs années.

En plus (ou plutôt en moins !) il convient de déduire de cette rémunération les frais d’entrée (parfois jusqu’à 5% de la somme investie) et la fiscalité variable selon l’enveloppe fiscale retenue. Autrement dit, aujourd’hui, mieux vaut oublier les fonds et Sicav monétaires.

Quid des obligations liées à l’inflation ?

En 2010-2011, ce type d’obligation devrait bénéficier de trois moteurs principaux de performance:

– Les variations de taux réels;

– Les anticipations d’inflation;

– l’inflation réalisée;

Selon Dieter Gassner, gérant du fond LGT Bond Fund Inflation Linked, il est à prévoir que les obligations liées à l’inflation sur-performent les obligations en 2010.

De plus, les Etats continueront à émettre de faibles volumes de dette indexée sur l’inflation. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande continuera d’être en faveur des obligations indexées sur l’inflation (source: Marion Le Morhedec, fond AXA WF – Global Inflation Bonds).

Enfin, d’après David Diwan (gérant de LCF Edmond de Rotschild Prifund Inflation Linked Bonds), il faudrait acheter les obligations liées à l’inflation dès maintenant.

Le contexte actuel est très propice à ce type d’actifs car nous sommes dans une longue période de taux d’intérêt très bas, ce qui augmente les craintes d’une reprise de l’inflation, notamment lorsque les signes d’amélioration potentielle de la croissance mondiale apparaissent.

Les opérateurs de marché pensent que les banques centrales telles la FED et la BCE n’augmenteront pas leurs taux rapidement, ce qui accroit encore les craintes d’un dérapage inflationniste.

Enfin, les primes (breakeven’s) d’inflation future « pricés » dans les obligations liées à l’inflation sont plus basses que leur moyenne historique, donc le coût de protection est considéré comme peu cher.

Pour accéder au comparatif de fonds en obligations liées à l’inflation , cliquez ici pour atteindre ensuite les interviews des gérants, cliquez sur les descriptifs de chaque fond –> Click valor to learn more:).

7 réflexions au sujet de « Les obligations indexées sur l’inflation, c’est le moment … »

  1. Merci beaucoup Yves pour cet article.

    Effectivement nous en avions déjà discuté entre nous. La connaissance du secteur obligataire est l’un de mes points faibles. Pourtant, les produits monétaires sans risque constituent une part
    indispensable et assez conséquente de tout patrimoine non soumis à l’ISF. Une fois les produits monétaires grand public remplis (livret A, LDD), le secteur obligataire & monétaire devient
    indispensable. Mais comme tu le soulignes, les Sicav monétaires en euro -dont la mienne- n’apportent pratiquement aucune rémunération depuis le rabaissement au plancher du taux directeur de la
    BCE.

    Pour l’allocation de cette partie du patrimoine des obligations indexées sur l’inflation semblent plus intéressantes.

    Par contre ne connaissant pas ce type de support, j’aurais plusieurs questions :

    1/ Le souscripteur d’une obligation indexée sur l’inflation se base sur le sentiment que cette indexation sera plus rentable qu’un coupon fixe. Donc en toute logique, j’intuite que les obligations
    indexées sur l’inflation ont nécessairement une maturité assez longue (5 ans minimum) sinon les émetteurs ne les vendraient pas. En effet une OATi à échéance 12 semaines serait un non-sens.

    La question est : quelles sont les maturités courantes de ces obligations?

    2/ Problème peu probable mais important.
    En cas de défaut de solvabilité d’un émetteur obligataire, existe-t-il un ordre de priorité légal pour le remboursement entre obligations à coupon fixe et obligations indexées sur l’inflation, ou
    sont-elles mises sur un pied d’égalité (ce que j’aurais tendance à penser) ?

    3/ Krach obligataire.
    Peut-on souscrire directement des OATi auprès d’états que l’on juge « peu sûrs » dans la mesure où des craintes sur la solvabilité future de l’émetteur ferait s’effondrer les obligations du trésor
    classiques… au profit de celles indexées sur l’inflation, ou toutes les obligations sont-elles emportées lors d’un krach ? Que personne ne compte sur moi pour acheter des OAT à taux fixe maturité
    30 ans du Royaume-Uni, des US ou du Japon !

    4/ Donc en cas de crainte, par exemple sur la solvabilité du Royaume-Uni (j’en ai déjà depuis longtemps des craintes), les OATi ne sont-elles justement pas un bon bouclier « anti-dévaluation
    sauvage » ? Cela revient à s’intéresser au mode de calcul et à la fiabilité d’un indice d’inflation exprimé dans une monnaie précise. Exemple encore avec le Royaume-Uni : une politique monétaire
    laxiste devrait conduire à une inflation rapide exprimée en livre sterling. Bémol fondamental, cette inflation s’accompagne pour le souscripteur en zone euro, de la dévalorisation brutale
    liée à ce processus d’inflation locale : parité Eur/GBP en hausse forte.
    Cet inconvénient majeur disparaît lorsque l’OATi souscrite se fait dans la monnaie du détenteur -chez nous, l’euro. Des OATi du gouvernement grec, si elles existent, peuvent donc être un placement
    cruel mais très opportuniste : prime élevée de l’émetteur + inflation anticipée à échéance de plusieurs années en zone euro + pas d’effet de change.

    5/ Question de béotioenne, je m’en excuse (mais j’applique le principe confucéen selon lequel celle qui pose une question paraît ignare 10 minutes, celle qui ne la pose pas restant ignare) : qui,
    dans l’eurozone, fixe le chiffre « officiel » de l’inflation, chiffre sur lequel sera indexé la revalorisation du coupon? La BCE ?

    Cela fait beaucoup de questions, mais c’est que le sujet m’intéresse fortement.

    Daniela

  2. Ce texte m’a paru utile, il explique quelques fondements des obligations indexées sur l’inflation :

    Le principe

    Les obligations indexées sur l’inflation sont relativement récentes (arrivées en France en 1998). En contrepartie d’un coupon facial plus faible, leurs coupons ou leur capital est indexé sur
    l’inflation. Elles sont en général émises par les Etats (on parle alors d’OATi) ou les organismes publics (Cades), plus rarement des banques, très rarement des entreprises commerciales.

    Différents modes d’indexation

    Les financiers font preuve d’une grande créativité lorsqu’il faut inventer des produits financiers. Voici les principaux modes d’indexation sur l’inflation que l’on peut trouver :

    Les coupons se revalorisent chaque année de l’inflation : si le coupon de la première année était de 30 EUR, et que l’inflation de la seconde année de 2%, le coupon suivant sera de 30×1,02 =
    30,6 EUR. Un investisseur comptant sur ses coupons pour régler ses dépenses conserve le même pouvoir d’achat.

    Les coupons fixes + l’inflation sur la période. Par exemple, un coupon de 3% + inflation donnerait 4% dans l’exemple.

    Le capital peut être indexé : un investisseur débourse 100 EUR pour acheter une obligation indexée à 10 ans, il touchera des coupons (en général minimes pour compenser le bénéfice lié à
    l’indexation), et récupérera à terme son capital augmenté de l’inflation sur la période (ex : 100 x 1,02 x 1,01 x 1,02 x …. x 1,04 = 130 EUR). Dans la réalité, le calcul de composition des taux
    d’inflation est simplifié, en observant la progression de l’indice des prix de l’INSEE entre les deux dates.

    Si le capital est indexé, les coupons peuvent l’être aussi, par exemple, 2% du capital théorique.

    Il convient de bien lire le prospectus du titre, il y a de nombreuses variétés d’indexations, savoir où l’on se situe permet de savoir si l’on paye le bon prix !

    Différentes mesures de l’inflation

    Le choix de l’indice d’indexation a une forte influence sur le rendement du titre. On a pu voir, avec les multiples révisions des taux d’indexation des loyers, que déterminer une inflation
    « juste » n’est pas chose facile. L’indexation se trouve dans le prospectus de l’obligation, mais l’on peut

    La plupart des obligations françaises utilisent l’indice des prix à la consommation hors tabac (historique de l’IPC, publié mensuellement par l’Insee) : l’inflation entre deux périodes est le taux de progression de l’indice entre ces deux périodes.

    Les OAT€i, elles, utilisent l’inflation européenne basée sur l’indice harmonisé des prix de la zone euro (hors tabac).

    Cet indice (IPCH, ou HICP en anglais) est publié par Eurostat , mais c’est moins évident sur
    le site de l’INSEE : pas facile l’Europe !

    Les prospectus obligataires sont, dans leur grande majorité, assez détaillés pour ne laisser aucune ambiguité.

    En conclusion, les obligations indexées sur l’inflation sont intéressantes pour protéger ses revenus futurs de l’inflation, mais très différentes  les unes des autres : il faut
    savoir ce qui est indexé (coupons et/ou capital), et sur quel taux.

  3. Cette capture d’écran permet de comprendre les maturités et la composition d’un fonds AXA basé sur ce type d’obligations.

    La composition internationale des obligations* répond à une question que je me posais quand à la cause d’une baisse de la valeur d’un de ces fonds sur l’année 2009 : les fluctuations des devises en
    sont la cause.

    On remarque aussi que les maturités longues dominent comme je m’y attendais (logique).

    Daniela

    *NB : ce point crucial est à mon sens primordial sur le timing d’achat d’un tel fonds. Il faut s’arranger pour en souscrire lorsque l’euro est le plus cher possible, par exemple lors d’un
    sommet de L’Eur/USD. La baisse de l’euro vis à vis des autres monnaies (dans ce fonds particulier : livre sterling, dollar, yen) est ensuite très favorable au fonds par la suite !

  4. Exact Daniela,

    Plus les maturités sont longues plus le fond est sensible aux anticipations d’inflations.

    L’intéret patrimonial d’avoir ce type de fond pour l’épargnant, même déflationniste, est de diversifier ses avoirs et d’avoir un minimum de protection contre l’inflation. Il n’est pas possible de
    miser tous ses avoirs sur une seule hypothèse car l’économie et la bourse sont comme un éventuel dérapage des monnaies : totalement imprévisibles … On a pu confirmer récemment avec le rally
    prolongé que les stratégies univoques font perdre de l’argent et que la diversification garde tous ses atouts.

  5. Merci Daniela, pour tes nombreuses questions, j’y reviendrai.

    Concernant déjà la gestion devise, certains gérants comme David Diwan (LCF Edmond de Rothschild PriFund Inflation Linked Bonds) ou Dieter Gassner
    (LGT Bond Fund Inflation Linked) couvrent systématiquement le risque de change. C’est un critère de choix.

    Cordialement
    Yves

  6. Intéressé au sujet, je me pose une question, peut-être stupide (mais je vais plagier Daniela sur son principe (…ignare 10 mn ou éternellement…).
    Dans les cas des obligations indexées, que se passe-t-il si les taux remontent?
    Dans le cas d’obligation non indexée, la valeur cotée chute.
    Dans le cas d’une obligation indexé, la valeur devrait chuter mais dans une moindre mesure si l’inflation augmente.
    Dans le contexte actuel, sachant que les cours des obligations indexés ont bien montés sur 2009 (environ 15% sur un panier d’obligations), en quoi est-ce le moment opportun de se positionner sur
    ces types d’obligation? Est-ce une prise de position répondant uniquement à la situation « taux stables mais montée d’inflation »?

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