Le monde est inflationniste

Par Jean Christophe Bataille

On a beaucoup parlé de déflation ces deux dernières années dans les milieux alternatifs de l’Internet. Si la tendance à l’appréciation temporaire des monnaies liée au deleveraging a été réelle, celle-ci sera de courte durée. Nos monnaies papiers n’ont cessé de se dévaloriser depuis 50 ans.

Intéressons nous à l’évolution des prix depuis le début du siècle dernier et étudions le graphique suivant :


Que constatons-nous ?

1. Il n’y a eu aucun épisode déflationniste depuis les années 50 mis à part celui que, selon les sources officielles, nous serions en train de vivre.

2. En 2008-2009, l’indice des prix n’a pratiquement pas baissé par rapport à ce qui a été observé lors des véritables déflations de 1870 à 1950.

3. Si on utlise la méthode de calcul de l’indice des prix en vigueur avant les années 82 (courbe grise), il n’y a pas eu de déflation en 2008-2009 mais une simple désinflation.

La conclusion est évidente. Nous vivons depuis 50 ans dans un monde profondément inflationniste. L’abandon des réserves pleines pour les réserves fractionnaires n’a fait qu’accentuer le phénomène. Chacun d’entre nous a été surpris de la hausse des prix consécutifs à l’avènement de l’euro sur un bon nombre de produits de consommation de base alors que les chiffres officiels de l’indice des prix annoncaient un taux d’inflation annuel autour de 2%. Cette divergence tient au fait qu’en fonction de la pondération des différents éléments composant l’indice des prix, on peut tout dire et son contraire.

Si nous considérons l’évolution intuitive des prix en Europe. Avons nous le sentiment que les produits de consommation courante sont moins chers qu’hier ? Non. Tout au plus observe-t-on un arret de la hausse des prix.

Observons les prix du pétrole depuis 2000 en or, en euros et en dollars :

Si on prend le métal comme référence de la stabilité des prix, il apparait là encore très clairement que le dollar et l’euro se déprécient beaucoup plus par rapport à l’or que ne le montrent les indices des prix officiels A l’évidence, la pente moyenne calculée du dollar par rapport à celle de l’or est bien supérieure à 2%.

Nous vivons donc dans un monde profondément inflationniste. La raréfaction des ressources énergétiques non renouvelables, l’accès au developpement des pays émergents et l’accentuation de l’excès de production monétaire initiée pour contrer les effets du désendettement en cours sont amenées à aggraver considérablement cette tendance. Une fois les effets de la désinflation actuelle effacés, nous assisterons à une montée des prix puis des salaires qui va laminer les avoirs de tous les créanciers à taux fixe et à une stagnation de la croissance qui dévalorisera les actifs en monnaie constante.

Le blog Futures est stagflationniste. Nous pensons que toute stratégie patrimoniale déflationniste est condamnée à l’échec à moyen terme. Les conditions monétaires du début du XXeme siècle n’existent plus. Renforcer or, pétrole et certaines matières premières à la baisse dans les portefeuilles est devenu absolument fondamental.

Crédits : dshort.comShadowStats.com – Bloomberg

43 réflexions au sujet de « Le monde est inflationniste »

  1. Bonjour Jean Christophe,

     

    Dans ce cas, comment expliques-tu la situation du Japon qui n’arrive pas à sortir de la déflation ?

     

    Les deux vraies richesses sur cette planète sont les matières premières et le travail.  Au
    passage, je tiens à préciser que la finance ne produit rien : elle prend l’argent à ceux et celles qui travaillent pour enrichir des gens qui veulent gagner de l’argent sans travailler.
     Je suis totalement d’accord pour dire qu’il y aura certainement inflation sur le prix des matières premières, car il y aura probablement un
    déséquilibre entre l’offre et la demande. Concernant le travail, je suis loin de penser qu’il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande.  Je
    suis donc convaincu que la France ne sera pas capable de suivre l’évolution du prix des matières premières. Nous allons donc certainement nous appauvrir. Autrement dit le prix du travail baissera
    par rapport au prix des matières premières.

  2. Bonjour à Tous,

    Comment vous préparer à ce retour prévisible de l’inflation.
    Prochainement sur Futures plusieurs articles sur les obligations liées à l’inflation avec comparatif et interviews de gérants.

    Cordialement
    Yves Belmont

  3. Bonjour Marc,

    Ce débat est comme toujours aussi passionnant car il conditionne notre épargne et nos prises de position. Les arguments de Tropical ne m’ont en tout cas jamais convaincu.

    Le prix du travail ne montait pas ces dernières années parce que les émergents étaient en surcapacité de production. Ca a été le frein principal à l’installation d’une spirale inflationniste ces
    dernières années. Les pays de l’ODCE sont incapables aujourd’hui de produire des biens de consommation courante. leur capacité de production est ridicule comme l’allemagne au temps de Weimar. Sans
    la mondialisation, la somme considable de monnaie créée aurait du catapulter les IPC. Les émergents vont entrer en phase deux de leur développement avec tendance inflationniste de fond, prix et
    salaires. Les salariés occidentaux ou chinois vont-ils accepter longtemps une hausse des prix bien plus importante que celle des IPC officiels sans augmentation salariale. J’ai la certitude d’une
    montée des phénomènes sociaux si la croissance ne repart pas. Le différentiel hausse des prix-stagnation des salaires n’a jamais été aussi criant que ces dernières années.

    Comment des pays comme la France vont-ils assumer des couts sociaux et budgétaires croissants sans utiliser la planche à billet ? Comment l’euro va-t-il résister à tous les déficit de ses pays
    membres ? Laissons flotter le Yuan et nous verrons quelle monnaie devient la devise de réserve.

    Devant la compétition sur les coûts, l’occident, pour éviter une désindustrialisation complète de ses territoires ne va-t-elle pas céder à une tentation protectionniste fortement inflationniste
    ?

    Enfin le prix de certaines matières premières va fortement augmenter comme le démontre une analyse que je publierai prochainement. Comment une telle apprèciation des prix pourrait ne pas donner une
    stagflation par les couts comme celle que nous avons connue dans les années 70 ?

    Les forces déflationniste très largement contrées par les injections imédiates et massives de liquidités initiées par les autorités monétaires ne tiendront pas longtemps contre des facteurs
    inflationnistes majeurs à l’oeuvre pour le long terme.

    Le Japon a attendu 15 ans après le krach de 87 pour mettre en place des mesures non conventionnelles et maintenir la liquidité. Il s’agit d’un pays isolé qui a finalement alimenté la déflation en
    payant sa dette sur les revenus d’une économie fortement exportatrice.

    Les US ne pourront pas payer leur dette, leur capacité à exporter est très insuffisante et la consommation américaine est plombée pour longtemps. Quand un état est en cessation de paiement, il ne
    dépose pas le bilan, il emet de la monnaie et celle-ci se dévalorise.

    Je reste donc résolument stagflationniste. Pourquoi l’or est-il multiplié par 4 ? Pourquoi un petrole à 70 $ si une déflation est en cours. Les prix de l’immobilier affectés par une baisse durable
    de la demande ne finiront-il pas par augmenter en monnaie courante même s’ils se déprécient en monnaie constante ?

  4. Bonjour, merci JC pour cet article qui relance le débat.

    Ce qui m’a récemment surpris avec l’histoire de la Grèce est dans la rapidité avec laquelle des comptes publics, déficit puis surtout dette, peuvent se détériorer.

    L’effondrement de l’Islande est presque passé pour un non évènement. Le poids du financier dans l’activité globale étant tellement écrasant qu’on frôlait la caricature. Une réaction quasi
    instantané sur la monnaie, sans passer par, l’activité puis les comptes publiques puis la dette puis le monétaire… logique diront beaucoup, vu le faible PIB.

    Mais, finalement est-ce réellement une caricature ?

    De plus grands pays ?   Les baltes, en fer de lance des pays de l’Europe de l’est, laminés comme ses camarades en quelques mois. On pourrait se dire, oui, mais les monnaies
    faibles jouent aussi un rôle principal. Certes, le poids du financier, le niveau du PIB, une monnaie faible, une mauvaise structure de dette… Ok, ça fait beaucoup.

    Mais regardons la zone Euro. L’Irlande, l’Espagne, la Grèce… en moins d’un an des déficits et des dettes publiques qui ont explosé. De pays hyper-excédentaires, on passe en un rien de temps à des
    pays hyper-déficitaires, avec une réaction quasi immédiate sur la dette publique.

    Et les autres encore plus grands suivent, la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne et… les US. Les raisons ont les connait maintenant tous mais… si l’on peut retrouver avec de la croissance
    assez rapidement de l’excédent budgétaire, il en va tout autrement de la dette et en particulier de la dette publique.

    Quand un pays arrive à une dette publique de 100% de son PIB, la somme des intérêts annihile tout espoir de retour en arrière, même avec un fort excédent budgétaire, et la maturité de cette
    dette, comme la confiance, diminue, rendant chaque année le problème de plus en plus aigu.
    En plus, on a bien vu qu’avec une croissance mondiale de 5% et un bon niveau du commerce international les déséquilibres économiques mondiaux font que nombre de pays n’arrivent même pas à
    équilibrer leurs comptes publics.

    Donc, croissance ou pas croissance, déficit ou excédent, QE ou pas QE… une chose apparait de plus en plus évidente et devient récurrente dans la bouche des politiques en charge, on s’occupe du
    présent et basta pour la dette publique. Comme je l’anticipe depuis le début de la crise.
    Et cette réalité reste profondément inflationniste à M-L terme, voir, pourquoi pas maintenant à plus CT. Je ne parle pas des actifs mais des monnaies.

    On pourrait se dire, et le Japon, alors ? Mais ça ne tient pas, j’ai souvent expliqué pourquoi. Aujourd’hui, on assiste à une augmentation de la dette publique de l’ensemble des pays de L’OCDE.
    D’ailleurs je ne devrai pas dire augmentation mais explosion.
    Nos BCs sont sous influence totale, la FED en premier lieu. Ca aussi, c’est profondément inflationniste.

    Le $, l’€, la £, le yen sont voués à perdre de la valeur, doucement, en quelques décennie avec une forte inflation ou brutalement, lors d’un gros crack monétaire. Scénario, à mon sens peu
    crédible à courte échéance, mais bon, le psychologique joue aussi une grande part et nous ne sommes pas à l’abris d’un Dubaï grandeur ???

    Aujourd’hui, les forces déflationnistes restent à l’œuvre mais les dettes publiques augmentent en retour à un rythme proprement hallucinant. Et, mécaniquement, plus cette dette augmente plus le
    retour sur croissance diminue.
    La quantité de papier à produire l’an prochain pour simplement renouveler les échéances souveraines existantes donne le vertige et la monétisation que les BSc opèrent depuis plusieurs mois
    devrait se poursuivre. Les taux ne pourront pas rester à ce niveau ou les capitaux se reporteront sur des actifs tangibles, valeur refuge, MP, immobilier, actions, obligations convertibles… De
    toutes les façons, ils se reporteront sur ces actifs.
    Les biens tangibles et monnaies de certains émergents devront absolument faire partie de l’allocation globale, le centre de gravité passant progressivement à l’est.

    Il ne faudra pas se précipiter mais pas non trop attendre, car, quand une situation devient évidente aux yeux de tous, par exemple une reprise des taux US, il est trop tard pour se positionner
    efficacement. Ceci est d’autant plus vrai avec le développement de la rapidité des échanges et des fixations de prix.

    L’analyse des fondamentaux et l’anticipation constituent pour un patrimoine développé des alliés essentiels.

    Quand on dispose simplement de liquidités et que l’on sait être très réactif, on peut attendre le dernier moment, et encore…

    Mais, quand on a la chance de disposer d’un patrimoine, que l’on a que peu de temps à lui consacrer, et que l’on n’est pas un quasi professionnel, mieux vaut faire des choix diversifiés et sous
    analyse bien à l’avance.

  5.  A Jean Christophe,

     Concernant l’immobilier et l’inflation, le graphique ci-dessous montre, sur une période de 40 ans, l’évolution de l’indice des prix (courbe bleue) et celui du ratio Prix/Loyer (courbe rouge).
    L’indice des prix ne met absolument pas en évidence les bulles de 1981 et de 1991. Tout au plus on constate une légère baisse des prix après 1991, mais rien de plus. En fait c’est l’inflation qui
    masque la baisse des prix. Par contre, la bulle de 2008 est très visible, car nous avons peu d’inflation sur cette période. L’autre courbe, de couleur rouge, montre l’évolution du ratio Prix/Loyer.
    Les prix à la vente sont ici déflatés par rapport aux prix des loyers. Le graphique révèle sans problème les bulles de 1981, de 1991 et bien évidemment celle de 2008.

    Pour les jeunes qui n’ont pas connu les années 70-80. Il faut savoir qu’à cette époque l’inflation était de l’ordre de 10 à 12% par an et que votre salaire était automatiquement compensé de
    l’inflation tous les 2 ou 3 mois. De plus vous aviez sans problème une augmentation personnelle de l’ordre de 5 à 10% par an (10% sans problème pour un cadre en région Parisienne). Votre salaire
    augmentait donc facilement de 15 à 20% par an ! Pour acheter un logement, en 1981 les taux d’emprunt étaient de l’ordre de 15% et il fallait un apport personnel minimum de 20%. En général, les
    prêts ne dépassaient pas une durée de 15 ans. Pour bien montrer l’effet de l’inflation, lorsque vous regardez la courbe bleue vous remarquez qu’entre 1981 et 1991 les prix ont augmenté de plus de 2
    fois, alors que le ratio Prix/Loyer n’a pratiquement pas bougé entre ces deux dates. Tout cela pour dire que si les salaires augmentaient très vite, les prix et les loyers augmentaient au même
    rythme. En fait nous n’étions pas plus riches alors que les prix à la vente avaient plus que doubler. Par contre, les conditions étaient particulièrement favorables aux primo-accédants qui
    achetaient avec un faible apport personnel car, malgré des taux d’emprunt à 15%, l’effet de levier était très élevé.

    A ton avis allons-nous retrouver les conditions des années 70-80 ?

    Pour moi la réponse est non, car :

    Le chômage est aujourd’hui très élevé ;

    Nous sommes en concurrence avec des pays à bas coûts ;

    Les taux d’emprunt sont au plus bas et ne peuvent donc que remonter ;

    La hausse des taux aura pour effet de dévaloriser les actifs ;

    A partir de 2010 la population en âge de travailler n’augmentera plus ;

    La croissance de la population française sera essentiellement due à l’augmentation du nombre de personnes de plus de 60 ans ;

    Les dépenses de retraite et de santé vont exploser ;

    Notre croissance économique sera faible.

    Notre dette va nous plomber.

  6. A Marc,

    Quand tu copie-colles fais passer ton texte dans le bloc note, sinon il est noir sur noir et illisible.

    « Par contre, la bulle de 2008 est très visible, car nous avons peu d’inflation sur cette période »

    Comme le montre les courbes de Shadow stats, l’inflation est totalement sous évaluée depuis 20 ans mais elle l’est particulièrement depuis l’avénement de la mondialisation car les produits de
    consommation issus des emergents y sont particulièrement représentés alors que les loyers, les cout de constructions, certains produits alimentaires y sont sous-représentés. Ce constat est partagé
    par l’INSEE et de nombreux politiques. En revanche, cet indice permet de ne pas indexer les salaires sur l’inflation réelle, situation qui n’aura qu’un temps. Dans les années 70, les salaires ont
    mis du temps à monter après le choc pétrolier, mais ils ont fini par rejoindre les IPC au bout de trois ans. Nous n’y échapperons pas malgré un nombre de chomeurs élevé car l’argent a toujours
    acheté la paix sociale même s’il vient de nulle part.

    « La hausse des taux aura pour effet de dévaloriser les actifs »

    C’est vrai à base monétaire constante. Pas si on crée en permanence de la monnaie ex-nihilo en mode Madoff. On voit bien d’ailleurs que les maturités longues ne montent pas. c’est bien le plus
    troublant dans cette crise.

    « Notre croissance économique sera faible. »

    Et même si les taux longs montaient et l’économie rechutait, je pense que ca ne changerait rien. Dans les années 70 la hausse des taux a précédé l’inflation et également fait chuté la croissance.
    Elle n’a pas empéché les prix de monter et les monnaies de se dévaloriser car il s’agissait d’une stagflation, pas d’une inflation par la demande. C’est une inflation qui ne nait pas de la
    croissance mais de l’explosion des couts-matières et des couts-transports, dans un contexte d’expansion monétaire.

    Il n’y a de toute façon que deux solutions pour sortir de la crise de la dette : la déflation et la stagflation. Les gouvernements et les banques centrales ont manifestement fait leur choix. Dans
    l’histoire depuis des siècles aucune déflation a portée mondiale n’a duré plus de quelques années (cf le graphe de mon article) mais depuis que nous ne sommes plus sous le régime des reserves
    pleines, les autorités monétaires ont ce pouvoir exhorbitant d’émettre de la monnaie sans limitation et elles ne s’en priveront pas. Il va pleuvoir de la monnaie comme jamais. La direction prise
    par les américains est très claire. Maintenant je peux me tromper en Europe. Trichet et Merckel peuvent essayer d’y déroger et faire monter l’euro au firmament monétaire mais dans ce cas nous
    vivrons une explosion de la zone euro car de nombreux états ne pourrons pas suivre. Et l’allemagne n’est pas dans une situation suffisamment enviable pour s’isoler, se désolidariser des reflations
    monétaires et vivre une déflation sans fin à la japonaise.

  7. entre déflation et inflation , pour moi il n’y a q’un seul comrpomis  :c’est la STAGFLATION
    le problème c’est que c’est une donnée qui n’est pas encore dans les ordinateurs
     

  8. Bonsoir,
    je conprend le mot inflation et même déflation.
    je ne comprends pas le mot stagflafion…
    Ca veut dire quoi ????
    merci.

  9. voila ma définition de la stagflation 
     ça permet de rajouter un 3 ieme axe a la courbe  de l’inflation/déflation
    , un axe géographique , par exemple : pendant que la chine et l’inde vont se tirer la bourre et faire grimper leur croissance et les MP qui vont avec, les vieilles économies comme
    l’europe vont déflater sur leur actf et vont se prendre une méchante inflation sur les MPs
    donc pour le péquin lambda d’asie du sud est : augmentation du pouvoir d’achat
    et pour le péquin européen :perte du pouvoir d’achat  

  10. Bonjour et merci pour ce bel espace de débat

    @ Jef et Jean-Christophe

    un article de Krugman sur les dettes publiques « anciennes » de certains pays européens (Italie, Belgique).
    http://krugman.blogs.nytimes.com/2009/11/22/joke-europeans/

    Un graphique indique que la Belgique est parvenue à réduire son endettement d’un sommet de 120% à environ 70% en un peu plus de 10 ans.

    Identifiez-vous des paramètres spécifiques qui auraient permis à la Belgique d’y parvenir alors que vous semblez réfuter cette possibilité de désendettement pour l’avenir – mais pour la France, US,
    etc. ?
    Quels seraient les nouveaux paramètres qui vous déterminent à ne pas voir la possibilité de replique du scénario belge?
    Voyez-vous notamment un lien avec la situation du Japon? 

    Merci! 

  11. Philippe,

    Nous l’avons fait pour pouvoir faire partie de la zone Euro.

    On n’a d’ailleurs été un peu couillons là-dessus, quand on voit ce que les grands pays comme la France ou d’autres font des « critères de convergence »…

    Les petits pays appliquent l’Europe à la lettre et se font berner par les grands.

    On y est arrivés avec une bonne dose d’austérité budgétaire (réduction drastique des dépenses publiques) et également en revendant une bonne partie des « bijoux de famille »: les grandes
    banques/caisses d’épargne publiques, 49% de l’opérateur de telecom national, etc …

  12. Bonjour à tous,

    Le problème de l’endettement que nous évoquions Jef et moi concerne la dette des acteurs privés : immobiliers et cartes de crédit. La dette publique, quant à elle, a grossi avec la crise et les
    plans de soutien. Son traitement est effectivement possible avec une réduction du train de vie de l’état et une augmentation des impots. Mais si le secteur privé qui se désendette désormais
    n’alimente plus la croissance et si l’état réduit ses dépenses en augmentant les impots, le semblant de reprise observé va retomber comme un soufflé et créer le double dip que nous craignons. La
    dépression est bien là. Deux solutions : soit la dette est noyée dans l’inflation, soit on la paye pendant 30 ans avec de l’argent qui ne fait que se valoriser. La dernière solution qui a été vécu
    par les japonais est tout simplement la plus mauvaise. Elle est le résultat d’une politique monétaire qui pendant 15 ans a voulu préserver la monnaie sans arriver à purger le système bancaire. Ca
    l’a conduit payer sa dette et de la pire façon qui soit en créant une spirale défaltionniste dont il n’est pas encore sorti.

  13. A Samedi soir,

    La définition de Wikipédia est pas mal :

    La stagflation est la situation d’une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d’une forte inflation (c’est-à-dire une croissance rapide des prix). Cette
    situation est souvent accompagnée d’un niveau élevé du taux de chômage.

  14. Je rajouterai que dans la stagflation, ce n’est pas l’inflation qui crée le chomage mais bien la récession sous jacente. Une situation de déflation dans un contexte de crise de liquidités
    accentuerait de façon beaucoup plus importante la chute des emplois.
    La stagflation aurait pour intéret dans la crise actuelle de désendetter rapidement les emprunteurs à taux fixe ou variable capé et pour désavantage d’appauvrir les épargnants de type rentiers
    obligataires.

  15. Bonjour,

    sans être trop réducteur j’espère, je classe les différents arguments des inflationnistes et des déflationnistes sur deux axes principaux :
    – d’un côté, l’axe « masse monétaire » : les uns mettant en avant le deleveraging, les autres la création monétaire par les banques centrales.
    – d’un autre côté, l’axe « offre/demande » : les uns mettant en avant le changement de comportement du consommateur (occidental) qui deviendrait épargnant après avoir acheter à crédit ; les autres
    soulignant la demande croissante des émergents et la raréfaction des ressources
    Tous ces arguments se tiennent bien sûr, mais on pourra les répéter autant qu’on le veut, on ne pourra trancher entre ces mécanismes opposés que si on les quantifie les uns par rapport aux
    autres.

    Sur l’axe monétaire, j’avais déjà soulevé le point sur Tropical. A-t-on une idée du poids des produits de crédit restant dans la nature aujourd’hui ? (Cf remarque de Jef : « Le poids du financier
    dans l’activité globale étant tellement écrasant qu’on frôlait la caricature. ») et surtout des crédits toxiques, ou disons ceux appelés à disparaître ? En montants, comment cela pourrait se
    comparer à la création de nouvelle monnaie ? A ce jour, réduction du crédit et création monétaire semblent se neutraliser selon la réponse de Loïc Abadie.

    Sur l’axe offre/demande : a-t-on des chiffres sur la demande intérieure chinoise ? Sait-on comment elle se compare à la baisse de consommation occidentale ?

    Quantifier les phénomènes (si possible) permet de mieux les comparer.

    Je suis intéressé par toute réponse, aussi bien sur la demarche que je propose ici que sur les questions que je soulève.
    Cordialement

  16. Merci Vdan pour ta contribution au débat.

    Concernant la consommation intérieure chinoise, j’ai les chiffres de l’analyse d’Eric le Coz responsable de la recherche économique chez Carmignac :

    Les ventes de détail aux États-Unis ont atteint un record de 380 milliards de dollars par mois en novembre 2007. Aujourd’hui, le rythme mensuel est plutôt de 345 milliards. Dans le même temps,
    les ventes de détails en Chine sont passées d’un rythme de 110 milliards de dollars par mois à 150 milliards aujourd’hui.
    Ainsi, la consommation chinoise est loin d’être équivalente à la consommation américaine, mais sa progression (+40 milliards), a plus que compensé la défaillance du consommateur américain (-35
    milliards).

    Je les reprendrai dans un prochain article sur le découplage des émergents.

  17. Bonsoir Philippe. Post 10.

    L’échange nous avons eu avec JC concernait effectivement la dernière stat Z1 et le problème de l’extrême lenteur du désendettement des ménages US.

    Par contre mon post 4 sur cette file fait en effet référence au problème de plus en plus angoissant du niveau de l’ensemble des dettes publiques de la zone OCDE.
    Répondre précisément à ta question serait trop long car beaucoup de facteurs influant sur l’évolution d’une dette publique rentrent en ligne de compte, tant des facteurs conjoncturels que
    structurels (vieillissement…).

    Voici une étude de chez AXA Investment Managers qui fait un constat assez honnête de la situation et qui a le mérite de faire un peu de prospective :

    http://cozop.com/le_blog_du_patrimoine/dette_publique_les_etats_pourront_ils_la_rembourser

    Rajoute ne serait-ce que 3 années de croissance molle et de continuité dans la dépense publique à la projection de 2010 et tu comprendras peut être mieux mes inquiétudes sur ce sujet précis.

    Bonne soirée au blog.

  18. Jef,

    Très intéressant ton article. En particulier ceci :

    La mauvaise nouvelle est que la détérioration des finances publiques arrive au moment où la plupart des économies développées doivent faire face à une hausse structurelle des dépenses liées au
    vieillissement de la population (santé et retraites). Le FMI estime que la VAN (valeur actuelle nette) des dépenses causées par les dynamiques démographiques défavorables est dix fois supérieur au
    coût budgétaire de la crise.

  19. Vdan. Post 15

    Bonjour, tu auras dans l’article ci dessus quelques chiffres sur le coût récent vs dette publique du sauvetage du secteur financier pour les principaux pays.
    Tu peux, selon les dernières déclarations du FMI, intégrer le fait que seulement 50% du nettoyage a été fait.

  20. @Vdan et Jean-Christophe. post 15&16. sur la Chine.

    Ci-dessous des extraits d’un post de Michael Pettis qui me semble utile: il estime en gros que la consommation doit augmenter en termes de parts de GDP et non en termes absolus

    En revanche, des experts occidentaux en FDI (foreign direct investments) m’assuraient aujourd’hui que le Japon désinvestit considérablement de Chine – jugée trop chère en… main d’oeuvre notamment
    – en faveur du Vietnam. Ils m’invitaient donc à ne pas exclure d’orienter mon client vers ce dernier…
    S’agissant de la croissance de la consommation chinoise, on peut y voir un indice encourageant – même si Michael Pettis devrait en tirer d’autres conséquences -) 
    En effet, cette Chine (du littoral, surtout) qui devient si chère, elle ne peut que voir sa consommation interne croître y compris en terme de GDP, non ?

    Merci encore de vos avis et contributions au débat

    How fast does consumption need to grow in China in order for a meaningful rebalancing to take place?  Probably a lot more than you think.  This is arithmetically the case because
    China is starting from such a low base.

    At roughly $1.2 trillion in 2008, total Chinese private consumption is only a little more than that of France (around $1.0 trillion) and still less than that of Germany (about $1.3 trillion, not to
    mention the UK’s $1.4 trillion and Japan’s $3.2 trillion).  This fact alone should cause us to be extremely skeptical of feverish claims about the role Chinese consumers can play in making up
    for any contraction in US consumption – which at roughly $9.4 trillion last year is nearly eight times the size of China’s – without even taking into account that Europe and Japan are likely to
    exacerbate, rather than help absorb, the contraction in US net demand.  (…)

    Chinese private consumption has dropped dramatically as a share of GDP in the past two decades.  (…)

    Rebalancing is the key word here.  Many analysts think that what we need is for consumption in China to grow quickly, and this will resolve China’s (and the world’s) problem with contracting
    net demand in the US.

    Actually, no.  What we need is an expansion in Chinese net demand – rebalancing in other words – so that China can adjust to contracting net demand from the US in a way that doesn’t harm trade
    partners and competitors and rebounds on itself with escalating trade tensions.  The way to rebalance is not for consumption to grow, but rather for consumption to grow as a share of
    GDP.  Even if consumption declines, and GDP decline more quickly – a horrible outcome to be sure – rebalancing will occur.  The best way of course is for GDP to grow quickly and for
    consumption to grow even more quickly.

    But this is I think what most people miss.  Just growth in Chinese consumption alone does not help if it grows in line with GDP, and less so if it grows slower than GDP. (…)

  21. Bonsoir Philippe,
    Je suis d’accord avec ton raisonnement. Les salaires et les prix montent en Chine et ca alimente le pouvoir d’achat. Pettis est toujours trop négatif. Là ou il a raison, c’est que ces augmentations
    de salaires ne concernent pour l’instant qu’une partie limitée de la population Chinoise. Une grande partie de cette population est a priori exclue du développement.

  22. Merci Jean-Christophe et Philippe. Les chiffres que vous donnez sont exactement le genre d’infos que je trouve parlantes : les données de Pettis permettent de relativiser le poids du consommateur
    Chinois. D’un autre côté, si la dynamique que l’on voit dans les chiffres d’Eric le Coz se maintient, ce poids deviendra vite important.

    Je partage ton avis Philippe quand tu dis : « [La Chine] ne peut que voir sa consommation interne croître y compris en terme de GDP ». (cf post 16 de JCB ; d’ailleurs ils n’arrêtent pas de contruire
    des centres commerciaux partout)

    Je partage aussi ton dernier commentaire Jean-Christophe. J’ai eu la chance d’aller en Chine à plusieurs reprises et je suis à chaque fois impressionnné par le changement rapide là-bas ; mais ça
    reste très contrasté : ce pays a un potentiel gigantesque mais élever le niveau de vie de plusieurs centaines de millions de gens est une tâche tout aussi gigantesque.

    Merci aussi à Jef. L’article cité donne des ordres de grandeurs très intéressants.

    Cordialement

  23. J’ai lu rapidement et écouté l’analyse du Xerfi qui circule actuellement sur le net. Cette étude fouillée relativement orientée vers l’hypothèse déflationniste mais qui, contrairement à Tropical,
    en souligne les dangers, s’intégre bien dans le débat inflation/déflation :

    http://www.xerfi.fr/Newsletter/xerfiactiv/Live/e-changes_Xerfi-Laurent-Faibis-previsions-economiques.html

    http://www.xerfi.fr/etudes/9PREV150.pdf

    Il est temps que ce texte soit analysé avec un regard critique. Plusieurs incohérences notables :

    – L’analyse qui est faite de l’inflation sous jacente de ces dernières années est en contradiction avec l’inflation réelle telle qu’elle est avancée par Shadows stat, par le présent article et par
    le sentiment de hausse des prix réels qu’ont eu beaucoup de français ces dix dernières années.

    – L’explication de la hausse des prix du pétrole n’est selon le Xerfi que le résultat d’une spéculation sans intéret alimentées par la masse monétaire. On ne peut pas dire ça ! Tout d’abord, on est
    loin dans ce cas de la déflation d’actifs avancée par l’analyse du Xerfi. Ensuite le pétrole monte parce que les opérateurs anticipent avec raison sa pénurie. Les investisseurs veulent bien, moi le
    premier, acheter tout le pétrole de la planete au prix de 35 dollars pour le long terme car il savent que les économies émergentes vont faire beaucoup de croissance et en consommer un maximum (ce
    dernier fait étant paradoxalement parfaitement admis par le Xerfi qui du coup apparait très incohérent sur le prix réel du brut). Le pétrole n’est d’ailleurs jamais allé plus bas durant cette crise
    car les les opérateurs sont très nombreux a penser la meme chose. C’est bien ce qui fait monter le prix du brut à 70 $ !

    – Le Xerfi admet la montée du protectionisme en occident, la faiblesse des capacités de production occidentales dans de très nombreux secteurs aujourd’hui pourvus par les émergents et n’évoque à
    aucun moment les effets très inflationnistes de la conjugaision de ces deux phénomènes !

    – Le Xerfi souligne comme beaucoup de déflationnistes l’impossibilité de créer de l’infaltion si la demande est faible et si les capacités de production sont élevées, niant une fois de plus
    l’existence des mécanismes de la stagflation : excès monétaires et hausse des couts matières. Il avance pour se justifier que la baisse du cout du travail compenserait largement la hausse des couts
    matières ! Le phénomène a pourtant déjà été largement observé et pour l’instant si les salaires sont stables ou en légère baisse, c’est bien le pétrole qui a été multiplié par deux depuis mars et
    par 7 en 10 ans ! L’ensemble des MP a suivi le meme chemin. Les hausses les plus impressionnantes étant alimentaires ! Où est la déflation dans un régime de production de matières promis à la
    pénurie ? Que va devenir cette tendance avec l’autocentrage de l’économie des émergents au demeurant parfaitement admis par le Xerfi. Une contradiction de plus !

    – Si les conditions décrites par le Xerfi qui sont les conditions actuelles de la crise, sont fortement déflationnistes, pourquoi n’ont-elles pas déjà généré de déflation majeure comme celles
    observées à l’époque des réserves monétaires pleines ? Le graphique de cet article est pourtant assez parlant pour comprendre que ce n’est pas le cas.

    Ma conviction est que si les forces déflationnistes sont actuellement bien réelles, elles ne résisteront pas à la tendance de fond inflationniste.

    Il y a probablement d’autres éléments à discuter. A relire …

    Ce n’est en tout cas que mon avis. Je peux me tromper et il est toujours bon que d’autres s’expriment. Je pense en particulier à Dacian ou à Same Player dont les idées m’ont apparues ici moins
    tranchées que celles des déflationnistes historiques.

    Bonne soirée.

  24. Bonjour à la file.

    Salut JC. Je n’ai pas eu le temps de lire l’analyse de Xerfi, peut être ce WE. La contradiction argumentée reste le meilleur des exercices pour faire avancer un raisonnement.
    Concernant tes arguments sur pétrole, MP, shadows stat… ca se tient.

    Il serait d’ailleurs intéressant de trouver une étude sur les transferts (récents et probables CT) des masses d’utilisation de MP vers l’est.
    L’histoire d’hier du gazoduc de Turkménistan nous rappelle que les 1.3 milliards de chinois vont avoir une soif insatiable de MP. J’ai lu quelque part que leur niveau de vie moyen actuel
    « s’autoalimentait » (découverte des vertus de la société de conso…), une forme d’effet boule neige que l’on a déjà constaté dans d’autre pays.
    Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire économique sur un nombre aussi important de personnes.

    2 phénomènes inflationnistes clefs vont se conjuguer dans les temps qui viennent :

    – une énorme émission de papier pour refinancer les dettes souveraines dès 2010. Record pulvérisé.
    – un besoin de consommation de MP en Chine pour sa consommation intérieure.

    En face, des forces déflationnistes due à la croissance en berne des pays de l’OCDE et donc à un commerce international ouest-est qui pourrait rester faible.

  25. Sympa ce debat. Question pratique, que fais-je de mon petit patrimoine ?
    Hypothese 1 : deflation -> rester cash.
    Hypothese 2 : stagflation -> va baisser le pouvoir d’achat des francais, ce qui devrait peser sur le budget logement et accentuer la tendance baissiere de l’immobilier. Donc rester cash aussi et
    passer en veille pour achat de residence principale.
    Hypothese 3 : inflation -> amha, les salaires n’augmenteront qu’a coup de manifestation et avec retard. Idem hypothese 2, ca devrait laisser le temps de voir venir.

    Conclusion : Un PEL pour se proteger d’une eventuelle hausse des taux et passage en mode veille sur l’immobilier (surveiller le ratio loyer/achat, ou l’arrivee de la stagflation).

  26. Salut jef,
    Je plusse sur ton post tant sur la consommation de MP à venir chez les émergents que sur la réalité d’un découplage qui s’il est loin d’être complet est bien en route.
    L’orientation très nette vers le marché intérieur du plan de relance chinois bien mise en évidence par le xerfi avec des données à priori fiables va à l’encontre de ce qu’on lit chez Pettis et de
    ce que disait YWC il y a quelques temps.

    Je dois publier un article d’ici une semaine sur l’évolution de la consommation en pétrole des émergents jusqu’en 2020. Ca laisse pantois !
    Même si la faiblesse de la demande actuelle permet aux cours du brut de ne pas flamber, ceux ci sont amenés à s’apprécier considérablement meme si l’année 2010 nous amène avec la hausse temporaire
    des stocks à des prix probablement plus interessants et plus bas sur lesquels je n’hésiterai pas à me porter acquéreur. Ma source est celle des données de l’International Energy Agency’s World
    Energy Outlook 2009. L’AIE est on ne peut plus crédible, d’autant qu’elle a toujours tendance par le passé à minimiser les problèmes de productions.

  27. Bonjour DDL,

    « Question pratique, que fais-je de mon petit patrimoine ? »

    C’est vraiment la bonne question et c’est tout l’intéret de ce débat fondamental.

    Hypothese 1 : deflation -> rester cash.

    Oui, c’est la meilleure solution, Le portefeuille type du forecast s’est délesté de son papier avec la hausse des actions. La reflation des actifs est déjà très engagée et la croissance, à part
    chez les émergents, ne sera pas là pour prendre le relais. Si en plus le dollar se raffermit la hausse va vite être étouffée … Ma limite maxi est toujours 4200 pour le CAC pour le court moyen
    terme.

    Hypothese 2 : stagflation -> va baisser le pouvoir d’achat des francais, ce qui devrait peser sur le budget logement et accentuer la tendance baissiere de l’immobilier. Donc rester cash
    aussi et passer en veille pour achat de residence principale.

    La stagflation n’est pas pour moi une hypothèse mais une certitude. Elle succédera à la phase modérément déflationniste actuelle (si on considére les IPC officiels) ou désinflationniste (si on
    considère les pondérations d’avant 82). Il faut s’y preparer. Investir lorsque les IPC flamberont ne sert à rien. Ce sera trop tard. Investir avec le troupeau n’a jamais fait gagner d’argent. Il
    faut prendre position avant.

    Le début de la stagflation, ce sera effectivement deux à trois ans de baisse de pouvoir d’achat et de conflits sociaux car les salaires ne s’indexeront pas rapidement sur la hausse des prix. Pour
    l’immobilier en cash on a le temps car les prix vont stagner. A crédit, c’est différent car les taux ont tendance à monter avant les IPC. La fenetre de tir est courte et les dettes souveraines
    occidentales sont considérables et à la limite de la solvabilité.

    Hypothese 3 : inflation -> amha, les salaires n’augmenteront qu’a coup de manifestation et avec retard. Idem hypothese 2, ca devrait laisser le temps de voir venir.

    L’inflation cad hausse des prix avec hausse des PIB, je n’y crois absolument pas sauf pour les émergents. Chez nous, ce sera la soupe à la grimace. Plus d’industrie, économie en berne pendant dix
    ans, protectionnisme et hausse des prix.

    « Conclusion : Un PEL pour se proteger d’une eventuelle hausse des taux et passage en mode veille sur l’immobilier (surveiller le ratio loyer/achat, ou l’arrivee de la stagflation) ».

    Le PEL est une excellente solution pour garantir les taux d’emprunt futurs.
    Pour garantir le capital placé si on a pas d’objectif d’achat immoblier, les obligations indexées sur l’inflation sont également un bon placement d’attente ama meilleur que les fonds en euros. J’en
    ai déjà parlé dans le forecast. Yves si tu me lis !

  28. Oui, Jean Christophe, je te lis toujours avec attention.

    Concernant les obligations liées à l’inflation, ce ne sera pas un article, mais un feuilleton !
    J’ai déjà deux gérants avec lesquels j’ai obtenu un interview, et j’en attends encore plusieurs autres.
    Vu la bousculade de fin d’année, il faut parfois être patient.

  29. Salut Yves,
    Sympa l’idée des interviews ! J’ai hate de te lire.
    5 % d’obligations indexées dans les patrimoines me paraissent indispensables vu l’accumulation des déficits divers et variés.

  30. Ca vient de tomber.
    News AFP pour bien comprendre le mécanisme de la stagflation :

    USA : l’énergie fait bondir les prix à la production en novembre

    Les prix à la production aux Etats-Unis ont bondi en novembre, tirés par les prix de l’énergie, selon les chiffres publiés mardi par le département du Travail à Washington.

    Ils ont augmenté de 1,8% par rapport à octobre (en données corrigées des variations saisonnières), indique le ministère, soit bien plus que ce que prévoyaient les analystes, qui estimaient leur
    progression à 0,8%.

    En octobre, la hausse n’avait été que de 0,3%.

    La hausse des prix des produits finis fabriqués aux Etats-Unis a été tirée par celle des produits énergétiques, qui se sont envolés (+6,9%, soit leur plus forte hausse depuis août) à la suite de la
    hausse des cours du pétrole.

    Le prix du fioul de chauffage a augmenté de 18,3%, pendant que celui de l’essence progressait de 14,2%.

    Hors alimentation et énergie, le renchérissement des produits américains n’a été que de 0,5% par rapport à octobre.

    Les produits semi-finis ont augmenté eux aussi fortement, de 1,4% par rapport au mois précédent, après une hausse de 0,3% en octobre. La hausse des prix des matières premières produites aux
    Etats-Unis s’est accélérée en novembre, atteignant 5,7% (contre 5,4% un mois plus tôt), leur plus forte hausse depuis mai 2008.

    En glissement annuel, les prix à la production ont augmenté pour la première fois depuis le mois de novembre 2008. Leur hausse a atteint 2,4%, après un recul de 1,9% le mois précédent.

    Ou est la déflation ! Attendez que la Chine qui achète aujourd’hui plus de voitures que les US, alimente les réservoirs de son milliard d’individus et vous allez voir si on fait de la déflation ou
    de la stagflation … Le prix de l’energie va flamber ! Ca vaut d’ailleurs pour le yellow cake de Daniela et les batteries de voitures électriques. Ce sont les seuls axes d’investissement dont on
    est surs à 100 %. D’ailleurs Bolloré qui n’est pas un imbécile acheté une grosse part de Vallourec à CAC 2700 et investit très largement dans les voitures électriques …

  31. Voitures electriques, mefiance.
    L’energie mondiale actuelle s’est environ :
    30% de petrole,
    25% de charbon,
    20% de gaz,
    6% de nucleaire,
    12% de renouvelable.
    => Remplacer le petrole et le gaz (qui fournissent la moitie des besoins energetiques actuels) par de l’electricite ce n’est pas faisable avec le nucleaire (50 ans de reserves d’uranium au
    rythme de consomation actuel…) et ca va necessiter beaucoup de temps avec le renouvelable.

    Je crois qu’on va plutot se diriger vers une baisse de la consomation d’energie, et qu’on aura une periode de forte tension sur les prix de l’energie avant d’y arriver.

    En passant, le prix du gaz ne vous parait pas sous-evalue par rapport a celui du petrole ? Un autre intervenant avait calcule que l’energie disponible avec 1$ de gaz etait bien superieure a
    ce qu’on a pour 1$ de petrole.

  32. A ddl,

    C’est pour cela que Daniela vante les mérites du yellow cake ou concentré d’uranium qui risque de flamber au même titre que le pétrole quand on voit les orientation prises par les constructeurs
    vers la voiture électrique. Cette orientation est prise essentiellement pour des raisons écologiques pour limiter les émission de gaz a effet de serre. Je comprends bien ce que tu veux dire :
    augmentation de la filière mais limitation de celle-ci à cause de la montée du prix de l’electricité.

    Globalement, toutes les énergies vont devenir très chères dans quelques années. Je ne connais pas bien le gaz mais il y a probablement là une opportunité d’achat aujourd’hui ou en 2010. Les stocks
    sont tels actuellement que les prix sont bas. Vont-ils baisser encore ? ou est-ce le temps d’acheter. Si les tenants du double dip ont raison, il y aura de meilleures opportunités sinon on part les
    mains vides …

    Connais-tu des supports long terme interessants sur le gaz ? Moi j’ai l’habitude de passer par des FCP commodities mais il pourrait être judicieux de se positionner sur certains titres. Les
    trackers me rebutent à cause leur érosion sytématique. Il faut ama garder les supports au moins 10 ans pour faire une vraie culbute.

  33. Belle rebellion de Dacian sur Tropical qui a parfaitement compris les vertus (et les inconvénients) des politiques monétaires actuelles …

    http://tropicalbear.over-blog.com/article-file-trading-decembre-2009-40740149-comments-300.html

    La fed n’a aucun besoin d’émettre autant de monnaie qu’il existe de dettes. Il lui suffit de contrer par la création de monnaie la chute de la masse
    monétaire occasionnée par la contraction du crédit. C’est une notion parfaitement dynamique. Les gérants actions le disent : l’important est de maintenir la liquidité pour ne pas laisser les
    actifs baisser. Il ne faut pas s’étonner si les indices baissent moins qu’en 29. Seule une rechute de l’activité fera baisser encore les indices mais a des niveau moins bas que ceux prévus par les
    déflationnistes. Les problèmes monétaires sont systématiquement contrés et la déflation ne s’installera pas. Le problème occidental, ce n’est pas la déflation, mais la désindustrialisation et la
    dette, donc une croissance à bout de souffle.

  34. A ce sujet, Paul Krugman a posté sur son blog un lien vers un article de recherche publié par un membre du staff de la Federal Reserve de New York:

    http://www.newyorkfed.org/research/staff_reports/sr402.pdf

    Titre : « What Fiscal Policy Is Effective at Zero Interest Rates? »

    Dans la conclusion, j’ai relevé la phrase suivante: « higher inflation expectations have a strong positive impact on demand at zero interest
    rates »

    C’est la position de Krugman, qui a lui-même affirmé qu’il fallait créer dans le marché une anticipation crédible d’inflation future.

    Inutile de dire que pour les déflationnistes, c’est de l’hérésie pure.

    Il y a clairement un schisme profond et fondamental parmi les économistes quand à la politique à suivre. Etonnant que finalement après un siècle, l’économie aie si peu progressé et qu’aucun
    consensus n’existe sur des problèmes aussi fondamentaux.

    Voici la conclusion du papier (j’y ai souligné quelques phrases):

    The main problem facing the model economy I have studied in this paper is insufficient demand.
    In this light, the emphasis should be on policies that stimulate spending. Payroll tax cuts may not
    be the best way to get there. The model shows that they can even be contractionary. What should
    be done, according to the model? Traditional change in government spending is one approach.
    Another is a commitment to inflate. Ideally, the two should go together. Government spending
    has the advantage over inflation policy in that it has no credibility problems associated with it.
    Inflation policy, however, has the advantage of not requiring any public spending, which may be
    at its « first best level » in the steady state of the model studied here. Any fiddling around with
    the tax code should take into account that deflation might be a problem. In that case, shifting
    out aggregate supply can make things worse.
    It is worth stressing that the way taxes are modeled here, although standard, is special in a
    number of respects. In particular, tax cuts do not have any « direct » effect on spending. The labor
    tax cut, for example, has an effect only through the incentive it creates for employment and thus
    « shifts aggregate supply, » lowering real wages and stimulating firms to hire more workers. One
    can envision various environments in which tax cuts stimulate spending, such as old-fashioned
    Keynesian models or models where people have limited access to financial markets. In those
    models, there will be a positive spending effect of tax cuts, even payroll tax cuts like the ones in
    the standard New Keynesian model.
    It is also worth raising another channel through which tax cuts can stimulate the economy.
    Tax cuts would tend to increase budget deficits and thus increase government debt. That gives the
    government a higher incentive to inflate the economy. As we have just seen in Section 9, higher
    inflation expectations have a strong positive impact on demand at zero interest rates. Eggertsson
    (2006) models this channel explicitly. In his model, taxes have no effect on labor supply, but
    instead generate tax collection costs. In that environment, tax cuts are expansionary because
    they increase debt and, through that, inflation expectations.
    What should we take out of all this? There are two general lessons to be drawn from this paper.
    The first is that insufficient demand is the main problem once the zero bound is binding, and policy
    should first and foremost focus on ways in which the government can increase spending. Policies
    that expand supply, such as some (but not all) tax cuts and also a variety of other policies, can
    have subtle counterproductive effects at zero interest rates by increasing deflationary pressures.This should — and can — be avoided by suitably designed policy.
    The second lesson is that policy makers today should view with some skepticism empirical
    evidence on the effect of tax cuts or government spending based on post-WWII U.S. data. The
    number of these studies is high, and they are frequently cited in the current debate. The model
    presented here, which has by now become a workhorse model in macroeconomics, predicts that
    the effect of tax cuts and government spending is fundamentally different at zero nominal interest
    rates than under normal circumstances.

  35. Note complémentaire:

    Cette politique inflationniste est proposée vu la situation très particulière actuelle: taux d’intérêts quasi nuls, gros déficit de la demande à cause du désendettement
    (ce n’est en aucun cas une recette à conseiller en temps normal !!)

    En fait, si on extrapolait une politique monétaire conventionnelle au cas présent, les taux d’intérêts devraient être fortement négatifs ( -> = payer pour parquer son argent dans une banque)

    Essayer de créer une anticipation d’inflation revient en fait à chercher à créer le même effet, en évitant d’avoir recours à une notion assez bizarre qu’est un taux d’intérêt négatif

  36. En conclusion, ce qui me frappe dans ce papier (par ailleurs incrompréhensible dans ses détails techniques), c’est qu’il montre très clairement qu’il y a un courant important parmi les économistes
    américains qui voit le scénario inflationniste comme la sortie la moins mauvaise de la crise actuelle, et qui donc cherche à le « stimuler ».

    Ce courant prend de plus en plus d’ampleur, puisqu’il pénètre manifestement l’esprit des chercheurs de la Réserve Fédérale.

    C’est ce qui me fait croire que le scénario de Jean-Christophe risque de se déclencher assez vite aux états-unis.

  37. Bonjour Marc,
    J’ai les memes convictions. Toutefois l’endettement des ménages et la contraction du crédit restent des freins à l’inflation. Les efforts de la fed ne seront couronnés de succès que lorsque les MP
    flamberont vraiment. Ca siginifie croissance durable des émergents. Est-ce que c’est déja le cas ? Pas si sur …

  38. Bonjour,
    Dans le débat inflation -déflation, je n’ai pas de religion définitive, même s’il est évident qu’à l’horizon de plusieurs années, l’inflation est hautement probable pour les raisons maintes fois
    évoquées.
    En attendant, pour 2010, le scénario déflation ne me paraît invalidé, la limite pouvant être l’épuisement des plans de relance et la réticence croissante des prêteurs internationaux quant
    aux niveaux atteints par la dette

  39. Bonsoir Jean Marc,
    On se rejoint. Futures est stagflationniste pour le long terme et n’accrédite pas l’idée d’une déflation longue à la japonaise pour l’occident dans les années à venir. En revanche, l’effet du
    desendettement et les problèmes de solvabilité bancaire sont capables d’impulser de nouvelles pressions déflationnistes. Mais attention, ce n’est pas certain, l’indice des prix américains qui
    aurait dû fortement baisser en 2009, s’est apprécié de 1.5 % !

  40. merci à tous les intervenants pour la qualité des échanges

    à propos du désendettement sur le dos des rentiers: les ménages français positionnés sur de la dette publique à taux fixe le sont via l’assurance-vie en euros qu’ils peuvent peut  liquider à
    tout moment. pourquoi se laisseraient-ils laminer ?

    un point qui me paraît encore incertain c’est la capacité des salariés TS et UE à obtenir des augmentations de salaires quand les prix monteront pour cause de hausse des MP.

    si les salaires et autres revenus montent moins vite que les prix, les ménages seront obligés d’arbitrer leurs dépenses. s’ils ne peuvent réduire certaines dépenses comme le carburant ou le
    chauffage, ils économiser par ailleurs ce qui est un élément stabilisateur des prix

    le schéma serait le suivant: les tendances inflationnistes par les coûts prennent le dessus sur les forces déflationnistes……….. les salaires ne suivent qu’avec un temps de retard et ne
    rattrapent pas les hausses de prix………..la consommation rechute mettant en évidence les surcapacités de productions et les mauvaises allocations de ressources d’où nouvelles pertes bancaires
    et renforcement des forces déflationnistes.

    à noter que l’équilibrage des revenus entre travailleurs des pays OCDE et ceux d’inde et chine prendra beaucoup de temps vu les écarts actuels. pour les ménages chinois ou indiens, une hausse des
    MP énergie et alimentaire serait un choc beaucoup plus rude avec quasi arrêt des consommations non indispensables

  41. Bonsoir shuniata,
    Le mécanisme de la stagflation est très diffférent de celui de l’inflation puisqu’il compose surémission de monnaie et hausse des MP et qu’il s’accomode parfaitement d’un chomage élevé et d’une
    absence de croissance. J’entends toujours dire que la hausse des taux ferait chuter la croissance mais une stagflation ne se nourrit jamais de la croissance. Les surcapacités de production sont je
    suis d’accord une véritable force désinflationniste. Mais celle-ci existe depuis 10 ans avec le développement des émergents et elle n’a pas été capable jusqu’à présent de générer de la déflation
    malgré la crise du crédit tant la disparition des réserves pleines dans le sytème monétaire est profondément inflationniste. Nous pouvons être certains que sans les émergents les prix auraient
    littéralement explosé à la suite des politiques monétaires qui ont été conduites.

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