La dépression actuelle est atypique sur le plan monétaire

Par Jean Christophe Bataille

Examinons les marchés baissiers des 3 grandes crises du crédit des 100 dernières années en utilisant des données ajustées de l’inflation selon les IPC officiels. Nous observons que si nous sommes à la 9eme année d’évolution de la crise, le SP 500 a rejoint les courbes des grands bears markets. Nous sommes à 42 % de baisse en monnaie constante.

http://dshort.com/charts/bears/mega-bear-2000-extended.gif

Maintenant observons ce qui se passe si nous considérons les données en nominal non ajustées de l’inflation :

http://dshort.com/charts/bears/mega-bear-2000-nominal-extended.gif

Le SP 500 n’est qu’à 28 % de baisse par rapport au début de la crise en 2000. Nous constatons que la courbe du SP 500 évolue plus haut et avec plus d’amplitude. Quelle autre raison peut-on invoquer pour expliquer cette évolution à part l’action puissante et immédiate des autorités monétaires qui contrent systématiquement les forces déflationnistes issues de l’endettement depuis 2000 ? La dépression en cours n’a-t-elle pas moins valorisé le dollar que dans les dépressions précédentes ? Cela parait évident puisqu’il faut beaucoup plus d’argent pour acheter les indices après 10 ans de crise. Force est de constater que l’action de Greenspan et de Bernanke a réussi à contrer en partie les dépréciations d’actifs en monnaie courante. La puissance de l’action des autorités monétaires s’est fortement accrue en 2008-2009 avec le crise du crédit. Ce dernier point nous autorise à penser que la baisse des actifs sera au moins aussi limitée en nominal par l’inflation monétaire sous-jacente. C’est ce qui me fait dire depuis un an que le CAC aura énormement de mal à baisser sous 2400 voire éventuellement un seuil plus élevé désormais, les dernières mesures non conventionnelles et les effets du carry trade occasionnant une dévalorisation monétaire supplémentaire. Si on considère que la valeur du CAC de 1991, date que l’on peut considérer comme étant le tout début de la bulle actuelle du crédit, soit 1500, équivaut à un CAC à 2000 ajusté de l’inflation en 2007, on peut imaginer que le CAC de 1991 équivaut après les productions monétaires récentes à un CAC à 2400 en 2010.

Pour répondre à une question qui m’a été posée récemment, le secteur des actifs les plus tangibles et rares comme l’or, le pétrole et certaines matières premières, va voir ce phénomène largement amplifié et nous permettre des niveaux d’intervention à l’achat encore plus élevés en nominal, autour de CAC 3000-3400. Ceci d’autant plus que ces acquisitions sont sécurisées par leur fort potentiel de croissance à long terme.

7 réflexions au sujet de « La dépression actuelle est atypique sur le plan monétaire »

  1. bonjour et merci pour cet espace d’expression

    le carry trade certes tend à dévaloriser la monnaie mais uniquement celles en lesquelles sont émises les dettes. les monnaies en lesquelles sont réalisés les investissements elles vont monter

    autre point attention le carry trade est un phénomène réversible !

  2. Bonsoir Shuniata,

    Point crucial soulevé par votre message : certaines monnaies basées sur des productions minières et énergétiques fortes, qui n’ont pas fait l’objet d’une politique monétaire accomodante, risquent
    fort de se valoriser très nettement dans les prochaines années. Cela rejoint le sujet évoqué dans la file Sicav de Yves Belmont, lorsque j’évoquais par exemple le Rand Sud-africain.
    Le même type de raisonnement peut s’appliquer au dollar Australien.

    Daniela

  3. Un graphique pour illustrer mon propos :

    La Suidafrika est une grande puissance minière (Or, diamants, Uranium, charbon…) et ceci pour longtemps.

    Daniela

  4. Bonsoir JC.

    Pour appuyer cet article de Jean-Christophe et la notion d’inflation sous-jacente les 4 premières pages de ce pdf pris sur le net peuvent vous aider :

    http://www.oecd.org/dataoecd/37/46/35022718.pdf

    A fin novembre l’inflation sous-jacente sur 1 an est à 1.7% alors que l’IPC repasse en territoire positif :

    http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=29
     

    Il serait aussi intéressant de faire des hypothèses de calcul sur la « dépréciation monétaire »  existante dans les tuyaux mais non encore répercutée par l’inflation immédiate.

    Augmentation des MM, récession, diminution des crédit…autant de forces sur les prix futurs.
    Il doit bien y avoir des tentatives d’appréciation mais je n’ai pas encore trouver d’analyse crédibles sur le sujet.

  5. Salut jef,
    Je ne sais pas si tu as eu mon mail mais je n’ai pas le bug et tes deux messages sont bien publiés sauf que ton nom est remplacé par un point dans le deuxième mais j’ai bien ton IP.
    En tout cas, futures est accessible avec Firefox et Internet Explorer de mon PC.
    Merci pour les articles qui semblent super pointus et intéressants.

  6. Retenez que la semaine a été favorable aux métaux précieux, notamment aux platinoïdes, dont les cours grimpent toujours.
    Repli généralisé de nos métaux de base en revanche. Métaux qui avaient atteint des niveaux record la semaine précédente. La reprise du dollar dope les prises de bénéfices !
    En attendant, ça bouge sur les marchés…

    1. les taux grecs montent toujours. Angela reste ferme : « des faits et des engagements ! », réclame-t-elle à la Grèce. Elle n’a pas tort.
    2. l’étau se resserre autour de Goldman. « L’intouchable », frappé en plein cœur, va-t-il tomber de son piédestal ?…
    3. jackpot au Japon ! Sa dette publique atteint 200% du PIB. A côté de lui, la Grèce fait presque figure de bon élève ! Pourtant, personne ne dit rien. Personne ne semble s’inquiéter de cette
    dette explosive. A l’image du monstrueux endettement anglais ou américain…
    Ces pays sont eux aussi « intouchables ». Comme l’était Goldman jusqu’ici. Mais pour encore combien de temps ?

    Rien ne tourne rond… et pourtant ce matin le CAC ouvrait en méga gap haussier et passe le seuil psychologique des 4 000 points !

    Isabelle Mouilleseaux.

    http://interor.fr« >

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