A quel prix acheter les matières premières ?

Par Jean Christophe Bataille

Puit-petrole.jpg

Mes niveaux d’intervention pour les matières premières sur Futures sont en train d’être réévalués à la hausse. Il me parait important d’expliquer pourquoi. Nous constatons au travers de divers indicateurs que même si la dette occidentale reste colossale, la machine économique repart. Ce redemarrage de l’activité est faible mais réél. Il est beaucoup plus important chez les émergents qui affichent une santé insolente. Avant que cette reprise ne se tasse en occident, il peut se passer un bon moment durant lequel les émergents ont tout le temps d’assoir une croissance pérenne en découplant encore un peu plus leur économie et en faisant monter les matières premières au delà du seuil d’intervention que nous nous sommes fixés. Alors bien sur, nous pouvons partir du principe que l’occident n’a en rien réglé le problème de sa dette et qu’il refera plonger ses indices actions dans un délai plus ou moins long. Mais les actions occidentales ne font pas partie de ma stratégie d’investissement puisqu’elles sont destinées à se déprécier en monnaie constante. Notre cible principale étant résolument celle des matières premières et des actions de pays en croissance, quel sera le niveau des actions des émergents en pleines trente glorieuses dans une ou quelques années ? C’est toute la question … Subiront-elles une baisse conséquente ou découpleront-elle leur indices au meme titre que leur économie. L’importance de leur population me pousserait à croire à la deuxième hypothèse. L’effet de levier de cette pléthore d’individus avides de croissance, extremement flexibles au niveau du travail placés dans le contexte de stimuli économiques répétés financé cash par l’accumulation presque inépuisable de réserve de change (le phénomène Wallmart se poursuit malgré la dépression) est probalement considérable. Ceci d’autant que les chinois ont pris des positions stratégiques extrèmement intelligentes pour sécuriser autant que faire se peut leur approvisionnement en matériau et en énergie. Quels seront les prix du pétrole ou de l’uranium dans un ou deux ans ? Concernant le pétrole le phénomène est aggravé par la discipline exemplaire de l’OPEP qui controle parfaitement sa production et régule les prix. Voilà pourquoi, en apparence, plus les marchés progressent dans le temps sans rechuter, plus nos niveaux d’intervention sur notre cible d’investissement vont devoir grimper. Si nous considérons le problème de façon purement boursière, la montée des cours de ces 6 derniers mois correspond exactement à ces anticipations de gain d’autonomie des émergents. Ce qui veut dire que les gens qui ont tenu jusqu’à présent ce type de raisonnement ont beaucoup acheté et l’ont fait dans l’esprit de conserver long terme. J’ai de mon coté acheté dans la perspectives d’une revente à plus court terme car l’importance de la crise du crédit m’a toujours convaincu que l’économie occidentale ferait un double dip, évoluerait en W et serait suivie dans sa chute par les émergents. La question posée est désormais de savoir si les gens qui croient encore à une rechute vont rejoindre le camp de ceux qui pensent que les cours ont atteint leur point le plus bas en mars 2009 faisant ainsi monter encore les cours et nous éloignant de nos cours cibles.
Voila pourquoi je pense que si les émergents se rapprochent de l’autonomie, nos ambitions concernant les niveaux d’achat doivent être revues à la baisse et les cours à la hausse. A écouter des gens comme Petties, ne risquons-nous pas de rater le coche du pétrole et de l’uranium ? Ma priorité reste donc de surveiller la bonne santé de la Chine et de ne pas hésiter à acheter des matières premières essentielles …

9 réflexions au sujet de « A quel prix acheter les matières premières ? »

  1. Bonjour JCB,

    je suis aussi convaincu qu’il faut investir à long terme sur les MP et les BRIC. Ma principale difficulté est de trouver des actifs en euros. Pour le pétrole il y a des actions françaises,
    mais pour l’uranium, le lithium, etc… ? Je ne trouve pas de mines valables en euro, à part Nyrstar. Pour les BRIC il y a des trackers sur indice, mais ce sont des trackers et sur
    le MT/LT on sait ce que ça donne. Ce qui serait bien c’est de se faire un portefeuille virtuel MP/BRIC en euros ici.

    Bonne journée à tous.

    Jean-Pierre Lardel  

  2. Bonjour, j’ai trouvé ce message (le pseudo de l’auteur est  rosbeef7)sur le forum Bourso. JCB cela ne rejoint il pas vos pensées ainsi que celle de Daniéla concernant l’érosion à long terme
    sur les certificats pétroles ? Peux t’on en conclure que ces certificats types 2124S sont inadaptés pour miser sur la hausse long terme du pétrole? :

    02/12/2008 à 08:21

    L’escro querie des certificats petroliers.

    Je post ce commentaire, sachant qu’il y en a peut-être ici qui sont investis sur des certificats pétroliers (qu’ils soient libellés en euros ou en dollars) sur le long terme. A savoir qu’ils ont
    acheté un certificat pétrolier, qu’ils comptent garder pour le long terme, afin peut-être de se protéger d’une éventuelle augmentation du prix du pétrole.

    Ainsi, ils pensent certainement que le certificat va répliquer à la lettre le prix du crude ou du brent. A savoir que s’ils achètent aujourd’hui du brent à 50 dollars et qu’ils le revendent dans
    5 ans à 100 dollars (à parité euro/dollar égale), leur certificat pétrolier vaudra 2 fois plus dans 5 ans qu’aujourd’hui (peut-être avec -3% pour les frais de gestion), répliquant ainsi les cours
    du brut.

    Logique me direz-vous ? Et bien, pourtant, la réalité est toute autre. En effet, ces certificats sont indexés sur les contrats futures. Or ces contrats doivent être changé tous les mois (au plus
    tard pour le pétrole le 3ème jeudi de chaque mois). Par exemple, en ce moment, le contrat de janvier cote 48 dollars et le contrat de février cote 49,50. Le 3ème jeudi de décembre, le contrat de
    janvier sera rayé de la carte, et subsisteront seulement les contrats de février et mars, etc…

    Pour la même quantité de pétrole, l’émetteur devra donc vendre le certificat précédent, et acheter le certificat suivant. Le problème, c’est qu’étant donné que c’est une avance de trésorerie qui
    est faite sur les certificats futures, le contrat suivant vaut toujours plus cher que le contrat précédent. Imaginons que l’émetteur change aujourd’hui de contrat. Il sera obligé de vendre à 48
    et d’acheter à 49,5 la même chose, et ce tous les mois. La différence aujourd’hui est très importante, d’habitude la fourchette se situe entre 70 centimes et 1 dollar.

    Conséquence directe sur le certificat pétrolier pris sur le long terme : sa valeur se dévalue de 0,5% à 1% chaque mois. Et cela vous pouvez le vérifier très facilement.

    Prenons l’exemple du certificat 1170N (certificat quanto).

    Imaginons que vous en ayez acheté le 21 septembre 2006 (premier jour de cotation) et que vous l’ayez vendu le 15 octobre 2008.

    Durant cette période, le pétrole brut est passé de 62 dollars à 74 dollars, soit une AUGMENTATION DE 20% en 2 ans. Et bien pendant la même période, le contrat 1170N est passé de 60,60 à 60. C’est
    à dire que vous par contre, VOUS N’AURIEZ RIEN GAGNE DU TOUT, voir vous auriez perdu de l’argent.

    Pire encore, plus le pétrole est acheté bon marché, plus vous y perdrez, car les différences entre contrat ont tendance à être fixes et non pas totalement variables en fonction du prix. C’est à
    dire que si vous achetez un certificat basé sur un cours du pétrole à 20$ et que vous le revendez 2 ans plus tard sur un cours à 24$ (soit une augmentation de 20%), il est fort probable que, non
    seulement, vous n’ayez rien gagné, mais qu’en plus, votre certificat petrolier aura même certainement perdu entre 10 et 15% de sa valeur (pendant rappelons le, que votre sous-jacent aura gagné
    20%).

    Il est donc quasiment impossible de se protéger contre une augmentation du pétrole sur long terme, en achetant des certificats pétroliers. Du moins ce n’est pas la solution…

  3. Pour les MP, j’ai tendance à être flemmard et à me tourner vers la gestion collective avec les classiques de Carmignac. Il sont capables de faire un stock picking meilleur que le mien et à des
    couts, plus optimisés. Pour le pétrole, c’est pour moi essentiellement les parapétrolières et éventuellement un turbo pour la spéculation CT. J’avais pris en avril un contrat sur pétrole avec ma
    banque mais le ticket d’entrée était assez élevé et j’ai du déléguer le truc. Après étude avec Daniela, il est apparu qu’intervenir en direct sur les contrats à terme présentait des tas
    d’inconvenients pour le particulier : ticket d’entrée, perte sur le roll over, etc …

    Daniela a étudié les trackers pétrole et arrive à la même conclusion que Mickael. Il me semble qu’elle a aussi des valeurs sur MP spécifiques comme le yellow cake.

    Il faudrait effectivement un jour faire un article revue de tous les investissements intéressants sur les MP.

  4. Que les émergents découpleront et tireront la croissance d’ici quelques années, et plus vite qu’on ne l’a dit, je n’en doute pas ; qu’ils soient réellement en train de découpler en ce moment, j’ai
    là dessus un doute beaucoup plus sérieux. Il est sûr qu’un pays comme la Chine injecte des quantités phénoménales de cash dans sa propre machine économique car un simple ralentissement
    aurait pour elles des conséquences sociales et politiques dramatiques. Mais il me semble que cela participe du mouvement plus vaste des plans de relance planétaire, et il est loin d’être assuré que
    cela perdure ; jusqu’à quand, personne ne sait ; mais il y a déjà des éléments de surchauffe. Surtout, d’un point de vue fondamental, le passage d’une économie exportatrice à une économie centrée
    sur un marché intérieur prend du temps ; un système politico-socio-économique, c’est extrêmement complexe ;  il y a les capacités d’absorption, des résistances, des effets pervers ; c’est
    pourquoi, avant un nouveau « grand bond en avant », je ne serais pas surpris qu’un pays comme la Chine d’ici quelques mois ou peu d’années  passe par une période de rechute ou de graves
    turbulences ; cela n’arrangerait bien sûr pas nos affaires. C’est pourquoi, sans avoir aucune certitude, je garde un fond de scepticisme.

  5. Je suis assez d’accord avec le commentaire de Jean-Marc.
    Il me semble que les bourses des BRIC ont beaucoup monté ces derniers mois et qu’on arrive peut-être à un top.
    Une rechute des économies et bourses occidentales provoqueraient immanquablement des dommages collatéraux pour les BRIC…
    D’autre part il y a une bulle sur l’immobilier chinois. 
    Sur le plus long terme je suis évidemment d’accord avec une forte croissance des BRIC. 

  6. Bonsoir Jean Marc,

    Ca n’est qu’une théorie mais  la mécanique chinoise est la suivante : les chinois exportent et échangent des produits manufacturés contre des titres de créances américains. Ils financent alors
    avec ces réserves de changes des plans de développement du marché intérieur en modernisant leurs infrastructures qui en ont un besoin quasi infini étant donné l’importance du territoire et de la
    population. Ce développement local se poursuit en parallèle du marché export et donne aux chinois un nouvel accès à la consommation. Comme l’économie de type Wallmart ne va faire que croitre et
    embellir avec le désendettement occidental, ce modèle va se pérenniser alimentant de plus belle les réserves de change chinoises qui serviront à financer à nouveau d’autres infrastructures. Ce
    cercle vertueux entretenu par la crise et la recherche de prix lowcost par l’occident va accélérer sans frein le découplage jusqu’à ce que les matières premières commencent à devenir trop chères.
    La stagflation devriendra alors inévitable.

  7. A Marc,

    Cela ne veut pas dire que les marchés des BRICs qui ont beaucoup monté ne vont pas consolider à un moment ou à un autre. Mais ils ont pris une énorme avance et rien ne dit que les autorités
    chinoises vont laisser longtemps le crédit se développer à ce rythme. Je n’ai plus la source mais j’ai lu que les octrois de crédits ont été divisés par deux ces deux derniers mois. En
    attendant quelques nouvelles de Chine :

    Près de 70% des Chinois sondés dans 50 villes du pays trouvent que les prix de l’immobilier sont difficilement acceptables. D’une façon plus générale, la hausse générale des prix semblent
    mécontenter tout le monde. Je vous propose de passer en revue un sondage effectué par la Banque centrale de Chine, qui détaille les habitudes d’épargne et de dépense des Chinois.

    Près de 70% des Chinois sondés estiment que les prix de l’immobilier sont élevés et difficiles à accepter, soit deux points de plus que le sondage du trimestre précédent. Seuls 30% d’entre eux
    estiment qu’ils sont acceptables. 50% pensent que les prix vont encore augmenter.

    Lian Ping
    Economiste-en-chef, banque des communications

    « Les prix de l’immobilier dans les villes de premier rang ont augmenté trop rapidement et à des niveaux trop élevés. Certains ont augmenté de 50% en quelques mois seulement, suggérant qu’il s’agit
    de spéculation. Le Conseil des Affaires d’Etat s’est réuni à plusieurs reprises pour discuter des mesures vsant à contrôler les prix de l’immobilier et faire cesser la spéculation. Je pense que
    c’est une nécessité. « 

    Sur une note plus positive, le sondage montre que davantage de Chinois sont optimistes en terme de revenus et d’emplois par rapport au trimestre précédent. La hausse générale des prix mécontente
    davantage de Chinois cependant, un quart seulement sont en effet satisfaits du niveau actuel. Près de 50% considèrent que les prix actuels sont élevés et difficiles à accepter.

    En ce qui concerne la dépense, le sondage montre que plus de 40% des Chinois estiment qu’ils préféreraient épargner davantage et 40% de plus voudraient investir davantage. Seuls plus de 20%
    préfèrent consommer plus.

    Plus d’un tiers estiment que la dépense au quatrième trimestre est supérieure à celle du trimestre précédent, et un tiers déclarent qu’ils dépenseront plus en 2010. Plus de 10% ont l’intention
    d’acquerir un véhicule dans les trois prochains mois, un niveau record depuis la mise en place du sondage de la banque centrale il y a 10 ans.

    Sources  Quotidien du Peuple

    D’autres part la croissance chinoise se fondent aujourd’hui sur l’investissement vers le marché intérieur :

    Les investissements étrangers en Chine battent des records, selon le Ministère du commerce chinois
    lundi 21 décembre

    Les investissements directs étrangers ont atteint au mois de novembre leur plus haut niveau en 16 mois, confirmant la tendance à la hausse remarquée depuis le mois d’août, un signal clair que la
    reprise économique chinoise rapide attire de plus en plus d’investisseurs étrangers.

    Les investissements directs étrangers ont augmenté aussi fortement que 32% d’une année sur l’autre pour un montant de 7,02 milliards de Dollars US le mois dernier, comparé à une hausse de 5,7% en
    octobre, selon le Ministère du commerce chinois.

    Les investissements directs étrangers en Chine ont augmenté de 7% en août, la première hausse mensuelle depuis octobre 2008, quand la crise financière était arrivée en Chine. Les investissements
    étrangers ont augmenté de 19% en septembre.

    Cette croissance pendant quatre mois consécutifs a sauvé le montant total des investissements directs étrangers d’un taux de croissance inférieur à 10% lors des 11 derniers mois. Les
    investissements directs étrangers étaient tombés à 9.9% pour un chiffre de 77,9 milliards de Dollars de janvier à novembre, a dit le Ministère du commerce.

    « La reprise économique en cours de la Chine et le bas point de référence de l’année dernière en sont les raisons (de la croissance du mois de novembre) », a dit Li Wei, économiste à la Standard
    Chartered China.

    Tandis que les économies développées, y compris les Etats-Unis et l’Europe, sont encore faibles, le PIB de la Chine, a lui augmenté de 8.9% au troisième trimestre d’une année sur l’autre, un point
    de plus que lors du deuxième trimestre.

    La Banque mondiale a prévu récemment que le PIB de la Chine augmenterait de 8.4% pour cette année et de 8.7% l’année prochaine, beaucoup plus que celui des pays développés.

    « La croissance économique étonnamment élevée de la Chine en fait et en fera la destination la plus attrayante pour les investisseurs internationaux », dit Li Xiaogang, un professeur du Centre de
    recherches sur l’investissement étranger de l’Académie des sciences sociales de Shanghai.

    Les investissements directs étrangers se développeront solidement les mois prochains avec un chiffre mensuel demeurant probablement dans la fourchette de 7 milliards à 8 milliards de Dollars US,
    prévoit le Ministère du commerce.

    Pendant la Conférence économique centrale de travail de trois jours qui s’est achevée le 7 décembre, le Président Hu Jintao a déclaré que les efforts que ferait la Chine pour augmenter la dépense
    intérieure dans l’année à venir seraient une des manières de soutenir une croissance économique stable.

    « Plus de sociétés étrangères vont arriver dans des secteurs liés à la consommation intérieure, telle que le secteur tertiaire, l’industrie pharmaceutique, la protection de l’environnement et la
    vente au détail, pour saisir des opportunités commerciales », dit M. Li.

    Et il y a un intérêt croissant venant de l’étranger pour les secteurs orientés vers la dépense.

    Ainsi dans le secteur pharmaceutique, Novartis international AG, le sixième plus grand groupe pharmaceutique mondial, a indiqué en novembre qu’il investirait 1 milliard de Dollars US en cinq ans
    pour renforcer ses capacités de recherches en Chine, afin de profiter du secteur de la santé chinois, un secteur commercial en forte croissance depuis la réforme des soins de santé.

    Elle a également signé un accord avec Tianyuan Bio-pharm pour investir dans cette sociéte et acquérir une partie des affaires du principal producteur de vaccins chinois.

    Sources  Xinhua

  8. Amha, le gros + de la Chine c’est que tous le monde dit que ca repart la-bas ce qui pousse les multinationales a y investire (une sorte de profetie auto-realisatrice).
    Par contre le gros – (outre la bulle immo) c’est que l’industrie ne peut plus se developper. + de la moitie des produits mondiaux sont deja fabriques en Chine. Pour continuer a croitre, il leur
    faut maintenant passer au developpement du tertiaire, des services (sacre changement dans les mentalites en perspectives apres + de 20 ans de boom de l’industrie) . D’autant + que l’automatisation
    de leurs usines ne va pas favoriser le plein-emploi.

  9. Bonjour JCB,
    Je souhaiterais investir une petite somme sur les matières premières dans le cadre de mon PEA. Quelles sont d’après vous, les valeurs à suivre…Total, EDF, EDF EN…?
    Merci d’avance
    Brigitte

Répondre à mickael Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *